Attendez, deux secondes, je voulais vous dire quelque chose. Heu ... Je gueule souvent sur vous, non c’est vrai, je suis un peu sec, tout ça. Mais pour quelqu’un comme moi qui ai facilement tendance à la dépression, c’est très important ce que vous faites.Ouais. Parce-que, je ne sais pas comment vous dire. C’est systématiquement débile, mais c’est toujours inattendu. Et ça, c’est très important pour la ... la santé du ... du cigare. Je ne vous embête plus, allez-y. Kaamelott_ Le roi Arthur s'adressant à Perceval et Karadoc.
ATTENTION! JE N'UTILISE PAS LE CAPLOCK EN GRAS POUR RIEN, IL Y A UN PEU DE SPOILS (mais j'ai essayé d'en mettre le moins possible quand même) .
Maintenant que j'ai vu The Visit, je comprends mieux M Night Shyalaman. En fait, le gars est comme Perceval dans Kaamelott, il n'a pas la moindre idée de ce qu'il fait, mais il y met tout son cœur, tout son amour de cet art, et c'est beau quand même. Pour lui, tout ce qui compte, c'est le cinéma, et on ne peut qu'être touché par sa volonté de se remettre en selle, et de proposer encore un nouveau film après la volée de bois vert qu'il s'est mangé (à raison) sur ses... 7 derniers films. D'autant que chaque film semblait tomber encore plus bas que le précédent.
On a beau dire ce qu'on veut, ça demande du courage de remonter sur scène quand vous avez ramassé dans la tronche l'équivalent en tomate de ce que contient l'état de Californie, et que vous savez que personne ne croit plus vraiment en vous. Rien que pour ça, je l'aime ce gars, et il a mon respect ne fut-ce que pour la force mentale qu'il faut pour passer au dessus d'autant d’écueils.
Donc voilà, Night se remet en scelle, et il tire les leçons de ses précédents échecs. Parce que oui, ce film est franchement meilleur que ce qu'il a pu proposer depuis Incassable.
Attention néanmoins, ça ne veut pas dire que tout est réussi dans ce film, loin s'en faut, mais au moins, il y a pas mal des choses réussies volontairement, et ce qui est raté reste formidable, même si c'est totalement involontaire, pour les gens qui apprécient le "so bad it's good".
D'un coté, il y a un aspect comédie d'horreur volontaire dans le film, et le dernier tiers du métrage réussi assez bien à mélanger ces deux aspects. Mais étrangement, ce qui est le plus drôle dans ce film, c'est ce qui est involontaire: des acteurs en roue libre qui cabotinent comme c'est pas permis, des dialogues maladroits qui tombent à plat, et une écriture qui, en général, s'avère marrante comme dans un bon nanar. Pourtant, au milieu de tout ça, émergent des scènes de suspens et de tension parfaitement maitrisée qui vous prennent complètement par surprise.
Le film de Shyalaman est donc très réussi sur certains aspects, et totalement raté sur d'autres, ce qui fait qu'on regarde le film avec fascination, sans jamais pouvoir dire si la prochaine scène va vous faire flipper, vous faire marrer pour des raisons qui ont été pensée dés le scénario, où vous faire vous tenir les côtes face à des moments de nawak hilarants qui devaient forcément ressembler à autre chose dans la tête du réalisateur (ou alors il est possible que Shyalaman ne se rende pas compte, ce qui est encore pire) .
Le pitch, c'est une femme qui doit partir en croisière avec son nouveau petit ami décide d'envoyer ses enfants chez ses parents qu'elle n'a plus vu depuis qu'elle a quitté la maison en claquant la porte à 19 ans. Sur le chemin qui les emmène vers la première rencontre avec leur grand parents, le garçon (l'un des enfants acteur le plus agaçant qu'il m'ait été donné de voir) nous fait un rap avec un contrôleur de train qui de son coté assure le beat box avec un manque de conviction qui se lit dans son regard. Le rap en question essaye vraiment d'être marrant, et on souffre presque pour Night de le voir essayer si fort. Au final, après cette scène, je me suis juste dit: "Ne fais plus jamais ça!", m'adressant à la fois au gamin, et à Night. Bref, les enfants arrivent donc dans la ferme isolée de leur grands-parents, et ne tardent pas à se rendre compte qu'ils débloquent à fond. La grand-mère se balade la nuit à poil en grattant les murs, le grand-père utilise la remise pour stocker par dizaine les langes qu'il doit porter pour ses problèmes d'incontinence, se balade avec une hache, et tape sur les passants en ville en hurlant qu'ils le suivent... Les enfants étonnés en parlent à leur mère par vidéoconférence interposée, et elle leur dit que c'est normal parce qu'ILS SONT VIEUX!?!?! Non, mais quoi? Shyalaman à jamais vu de vieux, la mère des enfants non plus? Tous les vieux perdent la tête et se baladent à poil quand vient la nuit? Et là, on en revient à ce que je disais au début de ce billet: Shyalaman, c'est un peu comme Perceval; pour l'un comme pour l'autre, les vieux, c'est mystérieux.
En tout cas, en ce qui me concerne, j'ai arrêté de prendre le film au sérieux à ce moment là, et je ne l'en ai que plus apprécié. Parce que, au risque de me répéter, j'ai ri quand c'était intentionnel de la part du film, j'ai ri quand c'était pas fait exprès d'être drôle aussi, et j'ai assisté à quelques belles scènes de tension également.
Je ne vais pas vous gâcher toutes les découvertes magnifiques qui se trouvent dans ce film, et je préfère donc m’arrêter là en vous disant que The Visit est un film à voir absolument pour tout ce qui y est réussi et encore plus pour tout ce qui y est raté.
Je vais me risquer à un petit comparatif pour tenter de vous convaincre. The Visit est au film d'horreur ce que Commando est au film d'action; c'est ridicule, mais tellement fun que vous rateriez un truc si vous passiez à coté