The Visit m'a étonné. Vraiment ! Attention cependant, pas d'étonnement de type "Plus belle surprise de tout les temps qu'on vous offre par un soir de Noël blanc", c'est plus comme si on apprenait à un homme qu'il avait un cancer du col de l'utérus.
Cadrage entre plans géniaux et plans étranges, incohérences scénaristiques, rap douteux, fesses de vieille et zoom hors de la profondeur de champ, lecteurs et lectrices : Brace yourselfs, it's coming.
Avant d'entrer dans la Zone Spoiler, parlons du film dans sa globalité. Il regorge de bonnes idées ! Et je dis ça sans me forcer : Il est vraiment plein de bonnes idées ! Parfois en prenant même à contresens les chemins tracés par les films d'horreurs qui l'ont précédé. Mais j'ai la sensation que ces idées n'ont pas étés menée de mains de maître.
Ainsi, le film est jonché de plans très esthétique, c'est beau bordel ! Seul hic : Il prend le parti pris du found-footage (caméra à la main en gros. Comme dans Blair Witch, ou REC). "Mais en quoi est-ce problématique ?" me direz-vous. Et bien, les protagonistes qui portent les caméras ont 15 et 13 ans. Vous le voyez le soucis ? Moi, quand j'avais 15 ans et que je jouais avec la caméra parentale, je me demandais rarement "Tiens, est-ce que la profondeur de champ est bien ? C'est pas plus esthétique si je fais une légère contre-plongée ?". Soit, admettons que les deux n'enfants sont la réincarnation de grands réalisateurs.
Toujours dans la section "Jean-Michel cadrage" : Le zoom hors de la profondeur de champ (dans le flou, en somme). Le cinéma, c'est un art. C'est un art dans lequel on s'exprime par l'image. On montre ce que l'on veut dire. Alors il faut qu'on m'explique, en zoomant de sorte à ce que 80% de l'image soit floue, tu veux me faire comprendre quoi ? Je dois allez chez l'ophtalmo ? La protagoniste subit une myopie spontanée ?
Autre problème du film : sa tension. Les deux vieillards chez qui les enfants vont passer une semaine du feu de dieu sentent le mal à 3Km. Impossible de faire confiance à l'un d'entre eux une seule seconde. Qui ferait confiance à "Mamy j'gratte au porte la nuit" alias "Des fois, la nuit, je vomis en déambulant dans le couloir, au calme" et à Papy "J'ai tous les symptômes d’Alzheimer, bonjour." ? Qui ? QUI ?
On se retrouve donc dans une situation où nous, humbles spectateurs, savons déjà qu'il y a une couille dans le potage avec papy zarbi et mamy zinzin. Comment peut-on réellement plonger dans l'univers du film quand celui-ci nous expose toutes ses cartes d'un coup ? Si la plupart des films d'horreurs suivent tous le même schéma (Le bon vieux "C'est calme, un peu moins, encore moins, c'est la merde, Billy est mort, on est foutu, ah bah non en fait") c'est pour que nous plongions lentement avec lui dans la noirceur de son univers et dans sa tension. Je ne dis pas que c'est bien ou mal, mais j'estime que dans "The Visit", le schéma narratif alternatif est bâclé.
Zone Spoiler
La première nuit, Becca croise mamy zinzin qui "hante" le couloir en rependant le contenu de son subtil estomac dans la cuisine. En tant que spectateur, je me suis dit "Oh, serait-elle...possédée ?". J'ai soutenu cette thèse jusqu'au twist final du film, que je vais résumer par "Possédée ? Que neni ! Cinglée !". Une question me vient alors en tête : Quand tu es fou, tu vomis ? Je précise que la charmante vieille vomi en marchant (trankil la vie, si si) et sans user de ses doigts. La folie, c'est donc une gastro avec des hallucinations: Nice.
Pour continuer dans les interrogations sur le fond du film : Il y a une cave dans la maison. Jusque là, rien de choquant. Sauf qu'il y a un vide ventilé sous la maison. Et qu'il est grand le vide ventilé. Il est vraiment grand même. Il fait presque la taille de la maison en fait... Soit, oublions.
Attention, mise en situation : Tu es dans une maison de vieux (ça commence mal, je sais, mais imagine), ils veulent te tuer, tu vas dans la cave (parce que même si tu crains pour la vie de ton frère et pour la tienne, tu veux savoir la vérité vraie véritable), tu trouves un marteau tâché de sang et deux cadavres, tu sais que papy zarbi va finir par venir te chercher, que fais-tu ? Tu gardes le marteau ? J'aurai fait pareil. Alors pourquoi Becca pas ? C'est con, mais pourquoi elle l'a pas gardé... Soit, oublions.
Plus loin encore, Becca est enfermée avec mamy zinzin qui semble vouloir lui manger la jugulaire avec passion. Becca se met donc à frapper la poignée de porte avec la caméra. Quelques remarques : Ta caméra est vachement solide, c'est au moins une 3310. Et... comment fait-tu pour frapper la poignée de sorte à ce qu'on puissent la voir. Vraiment, je me questionne. Bon, après, la réponse est évidente : "Mais elle frappe pas vraiment lol, on a rajouté les bruits en post-prod." Et je dis "Ok", c'est fréquent ce genre de chose, mais normalement, c'est sensé rester cohérent. Soit, oublions.
Fin de la Zone Spoiler
Ce film est bourré de défauts, mineurs ou majeurs, d'incohérences (et d'incontinence), d'étrangetés scénaristiques. Le jeu d'acteur est aléatoire, la tension est aléatoire, la mère des héros est aléatoire, etc.
Pour qu'un film de fiction marche, il faut qu'on puisse croire aux règles qui le régissent. Il faut qu'il soit crédible avec son univers. Et plus l'univers est proche du nôtre, plus l'écart peut-être fatal. Pour cette raison, "The Visit" ne m'a jamais convaincu, les actions des personnages sont tellement hors de la logique, qu'il m'est impossible de me sentir mal pour eux ou de m'y attacher.
Est-ce que c'est un mauvais film ? Non. Pas à ce point là. Comme je l'ai dit : il est esthétique, bourré de bonnes idées, et possède ses moments de mises en scènes sympathiques.
Est-ce un bon film ? Non plus. Il est du côté nanard de la force (ascendant navet.). Ses erreurs à répétitions, ses plans cool mais incohérent avec sa propre logique, ses personnages incompréhensibles, et les raps (parce que j'en ai pas parlé, mais... Wow.) jouent en sa défaveurs.
Mais parce que l'idée de base est très intéressante, et parce qu'il ne mérite pas un bashing complet (c'est pas "L'épisode 50" non plus), je lui donne la note de 4/10. Bon navet, Mauvais film d'horreur.
Spoil-Post-Scriptum : Le film se termine sur cette punch-line de dingue : "Shit doesn't taste like chiken". ça ne s'invente pas.