A l'occasion des 75 ans de la proclamation de la République populaire de Chine, l'auto-proclamé Parti Communiste Chinois devait encourager la sortie d'un film patriote célébrant les "martyrs" de la Guerre de Corée. On emploie donc les grands moyens pour ce deuxième opus : force effets spéciaux et un budget écrasant. Pour les scènes innombrables de bataille, le film est esthétiquement d'un réalisme cru. C'est du grand spectacle, de quoi vous donner envie d'une bonne guerre. Le panache des héros du passé (tous volontaires bien entendu) a de quoi inspirer la jeunesse. On exalte le sacrifice à la Patrie (et au Parti), le sang versé et l'aveuglement meurtrier. On justifie cela par la vison d'une coccinelle à sept points et par des pétales parfumés glissés entre les pages d'un livre.

N'oublions pas que la Guerre de Corée fit quarante mille morts parmi les soldats américains, dix fois plus dans les rangs de l'armée Populaire de libération et trois millions de pertes parmi les civils. Tout cela pour arriver au statuquo d'avant guerre (avant que la Corée du Nord n'envahisse sa voisine) et au régime actuel en Corée du Nord. Une victoire somme toute éclatante d'après les dirigeants Chinois.

Le film se conclut par un message subliminal d'une rare finesse : on voit le général en chef américain, la tête dans les mains, accoudé à son bureau sur lequel il est écrit en lettres capitales "THE US ARMY NEVER LOSES". L'augure voit un futur radieux en Mer de Chine.


Post-scriptum n°1 : Au sujet de cette dernière maxime infirmée par les hauts faits des vaillants serviteurs (au sens bas du terme) de la Patri, les membres du PCC n'ont peut-être pas encore compris que la stratégie des Américains consiste à ne plus s'engager entièrement dans la bataille et à en perdre un grand nombre. Le but recherché n'étant pas la victoire locale mais une situation globale d'insécurité dans laquelle les Américains peuvent continuer à s'affirmer comme les gendarmes du monde et à vendre leurs armes. Le sinologue Jen Lévi écrit très justement : "être sans ennemi, ne pas être capable de susciter une force contraire qui le défie serait non seulement une preuve de faiblesse et d'impuissance, mais encore un manque total de charité, car rien n'est plus proche du péché que le sentiment de la sécurité et de la quiétude. Luther l'a dit : Non major periculum quam nullum periculum. C'est pourquoi les Etats-Unis d'Amérique peuvent dire aujourd'hui en toute légitimité chrétienne qu'aucun combat n'est plus nécessaire que celui qu'on mène contre la paix."

Post-scriptum n°2 : on peut tester de nouvelles manoeuvres et envoyer pour ce faire des centaines de milliers d'humains comme chair à canon. On peut aussi poser quelques pierres sur un échiquier et jouer au go.

Post-scriptum n°3 : étrange comme la géopolitique est preste à rebattre les cartes d'hier. L'Europe serait toujours sous l'égide nazie sans la victoire décisive des Russes à Stalingrad. La Chine, en dépit du mythe national, serait une colonie japonaise sans l'aide précieuse des Américains.

Aragne-souriante
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le 9 oct. 2024

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