En voilà une success story bien pompeuse, complètement convenue et portée par une réalisation tape à l'oeil qui ne parvient pas une seule seconde à combler le vide imposé par le mince sujet que tente d'illustrer Zemeckis. Choisissant une narration en flashback pour raconter le "coup", il manque totalement d'impliquer le spectateur dans la performance, on a en effet toujours l'impression d'assister à toute cette débauche d'énergie de bien loin. Vu le peu de matière (une traversée entre deux tours) et la durée du film, un remplissage certain était à craindre, et bien c'est le cas : les péripéties rencontrées par Lewitt sont d’une fadeur sans nom, la préparation du coup est dépourvue de tout intérêt et à aucun moment Zemeckis ne parvient à retranscrire la mythologie qu'il y a derrière l'acte de funambulisme ; il ne réussit qu'à racoler à coup de 3D pour donner à son audience une impression de vertige. C'est le seul élément de mise en scène un peu réussi de The Walk, même si c'est sacrément moche, l'estomac se noue quand Lewitt joue avec son câble. Jusqu'à ce qu'un oiseau numérique dégueulasse lui fasse un clin d'oeil pour lui demander de s'arrêter.
Pour couronner le tout, le casting est à l'ouest total, en commençant par Lewitt qui se donne certes à fond, mais cabotine comme jamais, sauf peut être lors de sa traversée où il atteint une espèce d'harmonie avec son personnage. Mais le reste du temps il est insupportable de maniérisme, et de manière général, l'accent français poussé à son paroxysme par des acteurs qui se tirent la bourre pour être le plus mauvais, ça fatigue, ça énerve même (je me demande si la VF n’est pas plus appropriée pour ce film, tout extrémiste de la VO que je suis…).
En bref, The Walk est comparable à ce qu'essaye péniblement de braver Joseph Gordon Lewitt pendant deux trèèèèèèèèès longues heure, à savoir un vide intersidéral, générateur d'ennui profond. Honnêtement, pour quiconque est un minimum intéressé par cette discipline ultra mystique qu'est la slackline à haute altitude, il vaut mieux aller se mater une bonne vidéo sur Youtube, faite par des mecs qui veulent juste transmettre leur frisson ( ici par exemple, avec des frenchies qui parlent vraiment français), plutôt que se fader ce divertissement bien gras qui passe par toutes les cases de la success story à l'américaine en se laissant emprisonner par son matériau d'origine plutôt qu’en essayant de le transcender.