The Wall parle autant de ses victimes que de son bourreau : l'agente de la patrouille frontalière Jessica Comley. Le vendredi 13 décembre, au UGC Les Halles, Vicky Krieps a déclaré : Il est impossible de construire un tel personnage. Comment savoir si je suis du bon côté de l’histoire à mesure qu’elle se déroule ?"

Le film de Philippe Van Leeuw émerge d’une société américaine ancrée dans les bigoteries, la xénophobie et un conservatisme malveillant. Jessica incarne un symbole que l'on connaît trop bien, celui d’une politique de fermeture des frontières à la Donald Trump, se tapissant dans l’ombre comme le crucifix qui balance dans sa voiture lorsqu'elle freine brutalement. Seule, elle pratique un activisme de frontière bien plus menaçant que celui de ses collègues masculins, rendu plus étrange par l’autorité machiste de son uniforme et sa conviction solitaire en sa propre droiture.


Contrairement à de nombreux films qui tentent d'expliquer la cruauté d'un personnage, The Wall refuse les réponses simplistes. Réduire la brutalité de Jessica à une relation difficile avec sa mère serait trop simpliste. Le film nous invite plutôt à considérer la vision étroite du monde qu’elle perçoit à travers sa fenêtre—une perspective façonnée par sa foi, son éducation et le système qu’elle sert.


Situé dans l'Ouest américain, le film revisite la violence des frontières, des territoires volés à des peuples déjà là. Mike Wilson, en tant qu’aîné amérindien aux longs cheveux argentés, offre un contrepoint vital à la violence froide de Jessica. Ses paroles apportent un éclair de clarté : "Vous mettez tellement de foi dans la loi que vous ne voyez plus les gens."


Comme dans l'anatomie d'un psychopathe, pouvons-nous entrevoir une once de compassion dans la tentative de Jessica de se connecter à l'innocence de l'enfant ou dans les larmes qu'elle verse pour sa meilleure amie mourante ? Pourtant, Jessica se retire toujours dans le nihilisme, pleurant davantage la perte de contrôle que les vies qu'elle détruit. Tuer un migrant n’était pas un crime pour elle - c’était simplement une erreur.


The Wall est une réflexion poignante et profondément nuancée sur l’humanité, le pouvoir et l’impunité.


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Cleo-57
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le 15 déc. 2024

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