Cancre de la folie: La folle journée de John Carpenter
Coucou c'est Jean le charpentier, je suis le sosie d'un réalisateur bien connu des amateurs de cinéma fantastique à tendance parano des années 80.
Si je vous dis tout ça c'est pour que vous me reconnaissiez; je sais que c'est difficile sous cette couche de merde dans laquelle je suis tombé depuis quelques années.
Toute cette merde j'ai du mal à la faire partir vous savez, alors que —vous l'aurez peut être déjà remarqué— je suis bien lessivé.
...
Bon, c'est pas grave. Je n'arrive même plus à être drôle de façon volontaire, je le sais.
Hier j'ai lu "Petit Ours brun et le trauma du pedobear", alors je me suis dit que ça ferait une super idée de film pour expliquer la folie aux enfants. J'avais auparavant lu "Martine mange son caca" et "Trotro fait une sismo" mais c'était trop compliqué.
Alors voilà, il m'a paru judicieux pour parler de trouble dissociatif de la personnalité (je sais pas ce que c'est mais putain c'était dur à épeler) de pondre une histoire de schizophrène qui invente des personnalités toutes pas pareilles pour pas se ressembler à elle-même.
Attendez, je comprends rien à ce que je dis...
Ouais voilà, j'ai pondu une histoire de schizophrène avec plusieurs personnalités dans sa tête. J'ai eu du mal à trouver ça tout seul, c'est assez inédit et peu connu du grand public. Bon j'ai entendu ça et là que les cas de personnalités multiples c'était hyper rare et souvent feint mais si vous voulez mon avis tout ça c'est des clichés.
Comme j'avais un peu peur que ça fasse élitiste et prétentieux je me suis dit que le mieux c'était de tourner mon film un peu à la manière d'un téléfilm du dimanche après midi sur M6, histoire de pas trop perturber la ménagère et la perdre dans une forme bien trop sophistiquée pour un fond qui est déjà assez balèze scientifiquement parlant. N'voyez ?
L'autre jour en regardant 100% Mag j'ai appris que les contes de fées recelaient de nombreux concepts psychanalytiques, alors j'ai fait le tri et j'ai gardé l'essentiel pour rendre mon histoire universelle : j'ai gardé le prénom Alice et j'ai utilisé un lapin en peluche pour titiller l'inconscient.
Ah ! Je vois que vous semblez être un peu perdus ! Rassurez vous, je me suis pas fait chier non plus, hein.
J'espère que vous apprécierez mon sens de la mise en scène, parce que j'ai tout misé là-dessus...en comptant sur mes assistants. Ben oui j'étais trop occupé à mater le cul de mes actrices de séries TV pendant que je ne composais même pas la bande son, ni ne relisais le scénario que j'ai fait semblant d'écrire entre deux pages de "Oui-Oui prend un Atarax".
Mais là où j'ai déchiré, c'est quand j'ai bien coiffé au poteau ce salaud de Snyder avec ma reconstitution super appliquée des années 60 ! Ha ha ! Je paris que même vous, vous ne ferez pas attention au fait que les actrices ne semblent absolument pas prêtes à croire à la crédibilité de leurs propres costumes ! C'est tellement frappant qu'on leur a même permis de conserver leurs mèches colorées et leur brushing des années 2000 !
Mais bon, vous savez que je suis un Master of Horror. Alors j'ai un peu distillé quelques touches d'épouvante super fines. Même les mecs au budget ont commencé à flipper, mais ils se sont vite rassurés. En fait j'ai récupéré un ou deux masques de rechange sur le tournage de Ghost of Mars et je les ai foutus sur la tronche d'une figurante qui s'emmerdait parce qu'elle avait pas compris toute la finesse des documentaires que j'avais imposés à l'équipe pour s'imprégner ("Popi a des bouffées délirantes", "Ils sont fous ces romains"), et je lui ai dit de courir de partout et de faire chier son monde sur le plateau.
Qu'est ce qu'on a déliré ! Que de fou rires ! Une ambiance folle !
Hum...
Pardonnez moi docteur, parfois je divague.
Donc vous disiez quoi avant de demander qui j'étais pour oser me foutre de votre gueule ?