Je n'ai rien contre les personnes âgées. Mais passé un certain âge, il n'est plus bon de s'accrocher à son permis de conduire ou à sa casquette de réalisateur. Il y a dix ans déjà, défendre le côté fun de Ghost of Mars, autoremake metallo-kitchos d'Assault, relevait de l'exercice de mauvaise foi. L'année dernière, on réitérait pourtant en posant un regard plein de mansuétude sur le premier segment de Big John pour la série des Masters of Horror, "la Fin absolue du monde"... Tout en sachant que cette mise en abyme foireuse ressemblait à un vieux téléfilm tout juste bon à être diffusé sur M6 un jeudi soir à 23 heures dans les années 90. Oui, c'est précis. Défendre The Ward, peut-être le dernier film de Carpenter, est tout simplement impossible.
La flopée de donzelles internées dans une unité ("ward", en vo) psy des sixties est a peu près aussi creusée que le girls band de Sucker Punch. La rousse pimbêche, la blonde à la beauté pyromane, la brune qui surjoue son rôle de petite écolière et un psy tellement psy qu'il a l'accent allemand... On a beau trouver Amber Heard sympathique en jeune fille aux allumettes, c'est difficile de soutenir le regard de quelqu'un en train de se noyer. Navrante, cette histoire de boogeyman est servie par une mise en scène tout aussi paresseuse (le 18e travelling arrière dans le couloir sur fond d'orage est particulièrement pénible). A aucun moment la patte de Carpenter ne réapparaît. Même la musique (sniff) est terriblement anodine. Le vioc tente de prouver à la jeune génération qu'il est encore un maître de l'horreur et peut jouer dans leur cour. Au point de céder à la mode des torture flicks en installant ces victimes sur un siège chirurgicale ridicule pour, au final, deux finish moves inoffensifs. Enfin, le twist final (puisqu'on est obligé de caser une volte-face pour faire djeun) donne tout son sens au concept d'horreur.
John Carpenter cherchait asile, au lieu de cela il erre, hagard, dans un sanatorium. Un jour bien triste.
PS: Le 4 est une note de complaisance...