"Intrigant et obsédant miroir à The Wastetown, Ahmad Bahrami évoque la tragédie de l’Iran en prenant soin d’émietter différentes formes d’impasses sociales dans une usine, dont la mort des salariés est programmée. Cette perspective est terrifiante dans The Wasteland, un drame qui n’épargne aucun citoyen, aussi loyal et intègre soit-il."
"Une usine de briques au sud de l’Iran nous apparaît comme le vestige d’un monde qui a disparu. En décalage avec la démocratisation du ciment, le temps est compté pour cette entreprise perdue dans le désert. Ce qui semblait autrefois être une oasis bénéfique pour les employés est à présent devenu leur tombeau, au fur et à mesure qu’ils creusent dans l’argile. Il suffit de voir le pauvre Lotfolah (Ali Bagheri) hisser ses pains de glace pour ses collègues assoiffés pour se rendre compte de leurs misérables conditions de travail. La caméra prend soin de se caler sur son rythme et sa démarche un peu fébrile. Les nombreux travellings qui l’accompagnent peuvent toutefois manquer de passer devant certains échanges, en hors-champ, comme pour accentuer le phénomène de déphasage entre l’espoir qu’entretiennent les salariés et la réalité que proclame le patron des lieux."
"Que reste-t-il donc dans ce no man’s land où la vie semble aussi immobile que les dernières briques confectionnées et qui retourneront bientôt à la terre ? Que dire du patriarcat passif et ambiant, du patronat mis en échec et de tous les marginaux qui attendent qu’on les recouvre d’un drap blanc ? The Wasteland prend le pouls d’une société iranienne malade, où les inégalités sont bien trop nombreuses pour qu’une cohabitation se passe sans encombre. Une œuvre bouleversante qui ne craint pas les plans-séquences tétanisants et qui nous ramène à notre existence éphémère."
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