The We and the I par Wykydtron IV
Je ne savais pas que Gondry avait fait un nouveau film, mais forcément, dès que j'ai vu le nom du réalisateur, j'ai été intéressé. Ca arrive souvent, à Cannes, c'est assez cool.
Enfin quelqu'un qui s'était levé assez tôt pour aller à la première projection m'avait dit avoir beaucoup aimé, mais sinon je cherche à ne pas trop me renseigner sur un film, dans le cas présent savoir le nom du réalisateur m'a suffi, je ne voulais pas savoir quel était le sujet.
C'est bien la plupart du temps car ça laisse une plus grande part de découverte tout en me donnant l'impression d'avoir une certaine ouverture d'esprit. C'est moins bien quand on tombe sur un film comme The we and I.
En toute objectivité, ça parle du début des vacances d'une bande de jeunes chieurs de ghetto US qui prennent le bus pour rentrer chez eux après leur dernier cours.
Les première minutes du générique du début sont d'une grande agitation, qui retransmet l'énergie dépensée par ces fouteurs de merde que l'on a en guise de personnages principaux. C'est des bouffons, des branleurs, et des biatchs ; des connards qui font chier les gens avec eux dans le bus, à balancer du yaourt sur les vieilles ou à accrocher des enfants à une barre transversale. Comment peut-on avoir de tels êtres comme personnages principaux ?!
A un moment, un des voyous (la première partie du film s'appelle "The bullies", d'ailleurs) fracasse la guitare d'une autre. Je ne sais pas qui j'avais le plus envie de taper, le connard qui fait ça juste parce que la musique lui déplaît, ou l'autre qui se contente de ranger les bouts d'instrument dans sa sacoche, sans s'insurger, comme si ce n'était rien.
Forcément, du coup, je n'avais strictement rien à faire de leurs histoires de "qui j'invite pour l'anniversaire de mes 16 ans ?" ou "regarde le mec là-bas, il a une bouche bizarre".
Ca sort carrément de nulle part, mais tout d'un coup quelqu'un décide de lancer une partie d'action ou vérité. Mais quel âge ont-ils ?! Dans un film comme "Tomboy", c'est mignon, mais ici, avec de tels personnages, ça n'a fait que me rebuter davantage. J'avais une réaction de rejet aussi avec les histoires de beuveries et autres potins des protagonistes, alors qu'IRL ça m'intéresserait probablement.
Ah, et à un moment on assiste à une "guerre des cuillères", wtf ?
Gondry s'intéresse à représenter une génération déplorable, qui se marre à foutre des waterbra sur la tête des gens, ou à se repasser en boucle la même vidéo Youtube d'un type qui glisse sur un sol recouvert de beurre. Ca me fait déjà pas marrer IRL, mais voir le réalisateur placer ça dans son film, et revenir à de nombreuses reprises là-dessus comme si ça avait un réel intérêt, c'est encore plus horrible.
Il s'amuse à un certain moment à mettre en image le mensonge d'un personnage, qui s'invente une vie de VIP dans un récit incohérent ; c'est pas drôle, c'est facile même, tant que Gondry a le budget, mais je trouve ridicule qu'il donne ainsi de l'importance à un délire complètement absurde et peu original d'un adolescent qui veut frimer.
J'avais connu le réalisateur bien plus imaginatif ; avec ce film-ci, j'attendais au moins qu'il continue d'impressionner avec des trouvailles visuelles nouvelles.
Non, à la place on a des idées weirds et cheap : de l'accéléré lorsqu'une vieille fouette un personnage avec une branche d'arbre ; des personnages costumés en grand-mères quand l'un d'eux parle du show TV que regarde sa mamie...
J'ai mis du temps à trouver dans le film quelque chose qui capte mon attention en bien, qui m'amuse. La première fois, ça a été quand cette fille fait part à un garçon de l'intérêt que lui porte une amie timide, et qu'il croit qu'elle parle d'elle, réagissant en lui faisant un signe entendu de lever de sourcils.
Le "my boob is ringing" m'a fait rire aussi.
Bon après, c'est assez original, l'idée que pratiquement tout se déroule dans un bus...
J'ai été convaincu que je devais quitter la salle pour essayer d'aller voir Antiviral quand, après un beau moment de contemplation d'une jolie femme faisant du vélo au ralenti, on en revient direct aux "salope !", "gros nichons !".
Et puis cette BO de rap, avec les mêmes titres revenant plusieurs fois, m'a gonflé.
Je suis parti à peu près en milieu de film, et je ne saurai pas s'il y a des ces personnages qui font vraiment un trajet en bus d'1h40 pour rentrer chez eux depuis l'école, je ne saurai pas si la fête d'anniversaire s'est faite ou non, ni si l'un des mecs a fini par se faire essuyer la morve par la fille avec qui il a un rencard au cinéma, et peu m'importe.
(Cannes #10)