Ayant tâté du blockbuster hollywoodien avec le sympathique "Green Hornet", Michel Gondry revient à un cinéma plus simple, plus spontané, dans la droite lignée de "Block Party" et de "Be kind rewind", retrouvant pour l'occasion cette délicieuse ambiance de quartier.

Trois ans auront été nécessaire à Gondry et son équipe pour mener à bien un projet vieux de plus de vingt ans, inspiré par les observations du cinéaste lors de longs trajets en bus sur le comportement des usagers, sur leur façon d'être une fois libérés du phénomène de groupe.

Car "The we and the i" parle avant tout de ça, de notre comportement en société, de notre besoin d'appartenir à un groupe même si pour cela il nous faudra arborer constamment un masque et camoufler notre véritable identité, noyée dans la masse. Un constat plus flagrant encore chez les adolescents que Gondry filme sans fard avec sa malice habituelle, génération Y prisonnière de codes qu'elle a elle-même poussé à leur paroxysme, au risque d'y laisser des plumes.

On ne peut que saluer le travaille effectué par Gondry avec son jeune casting amateur, plus vrai que nature. Ils nous sont d'abord présenté comme de véritables sales gosses dont l'unique but est de casser son prochain, où tout est prétexte à la vanne et à la moquerie, allant de l'anodin au plus grave. Mais plus le bus se vide, et plus les masques tombent, révélant délicatement des fissures insoupçonnées, le "moi" de chacun pouvant enfin respirer face à l'absence momentanée du "nous".

Gondry se sera grandement servit du passif de ses jeunes comédiens recrutés dans le Bronx, le seul quartier qui aura eu le courage de "préter" ses enfants à un cinéaste désirant leur offrir un moyen d'expression. Misant beaucoup sur l'improvisation, "The we and the i" est un aussi un vrai feel-good movie, franchement drôle et rafraîchissant qui fait un bien fou, autant qu'il peut-être proprement bouleversant, voire même carrément flippant quand il s'attarde sur les conséquences d'une technologie omniprésente dans la vie de ses adultes en construction, dont l'illusoire liberté qu'elle procure cache difficilement une absence totale de repères et d'intimité.

Se déroulant pratiquement en temps réel, le nouveau film de Michel Gondry est une pure merveille, radiographie pertinente et touchante d'une génération jugée un peu trop hâtivement, naviguant sans cesse entre fiction et documentaire, entre rires, consternation et émotion. Un vrai classique en devenir.

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le 3 févr. 2013

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Gand-Alf

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