À chaque retour de Darren Aronofsky au cinéma, les cinéphiles s'attendent à être époustouflé et/ou choqué, sauf que de temps en temps le cinéaste décide de travailler sur une oeuvre plus sobre. Et c'est le cas avec The Whale, adaptation d'une pièce de Samuel Hunter et drame psychologique nous racontant les dernières heures d'un homme pesant plus de 250 Kg et donc en obésité morbide. Le film est évidemment dans l'émotion, le mot bouleversant vient aux lèvres du spectateur, voir cet homme dans sa déchéance, s'étant laisser aller pendant des années et en dépression grave sentant sa fin venir. Le principe est un huis-clos à l'intérieur de la maison du personnage principal ou vont intervenir plusieurs secondaires, les dialogues sont d'une rare intensité et souvent même d'une poésie macabre, il y a une vraie dramaturgie mais contradictoirement pas de jeu "théâtral". En parlant de sobriété dans la réalisation d'Aronofsky, elle vient surtout du montage qui se détache de ce que l'auteur a pu faire par le passé, sa mise en scène n'est pas du tout gênée par l'exiguïté des lieux et sa pénombre car c'est fort sombre. Bien sûr le succès du film provient aussi de la performance hors-norme de Brendan Fraser, acteur-loser, ressuscité par l'excellent directeur de jeu qu'est Aronofsky (il nous avait déjà fait le coup avec Mickey Rourke, The Wrestler), Fraser parvient à donner une âme à cette "baleine", sa détresse est palpable lorsqu'il engouffre de la nourriture ou qu'il est confronté à la haine de sa fille.