Ou bien The Sincere ou The Gay, mais pas vraiment The Whale.
C'est bien une baleine à qui nous avons affaire, et une baleine de choix, à la confondre avec Moby Dick (pour une comparaison dans le film un peu lourde sur les bords, dans les deux sens du terme), mais en fait on s'en fout que le mec fait 270 kilos ou bien 90, cela n'est pas nécessaire à l'histoire.
On ne ressent jamais l'obésité de l'acteur
hormis à quelques moments lorsqu'il a du mal à tourner sa tête (il ne rate pas grand chose non plus) ou à rentrer dans son ancienne chambre conjugale.
et même lorsqu'il cherche à la faire ressentir aux autres (ses étudiants, le sectaire), ou bien la scène est abrégée, ou bien le religieux est plus choqué par un autre aspect de la baleine. Et cet autre aspect, c'est l'homosexualité de Charlie, qui passe en fait au premier plan : il aurait pu être lépreux, ou avoir toute autre maladie repoussante, ce n'est pas ça qui fait qu'il est repoussé, car personne ne lui en fait jamais vraiment le reproche.
Le problème de Charlie, c'est la relation qu'il a eu avec un homme et qui l'a conduit à briser sa famille, famille qui devient alors le point central du film : et c'est là que ça dégénère, car on rentre dans le pathos jusqu'à n'en plus finir. Tout le monde se plaint, et tout le monde a une raison de se plaindre : de la mère à la fille à la sœur du compagnon de Charlie, ils ont tous un terrible problème que la réalisation nous montre par des gros plans lourdaud, non aidés par un jeu d'acteur pas toujours au rendez-vous.
Le film est une longue plainte, et qui s'éloigne de plus en plus de l'obésité de Charlie : je ne demande pas qu'on me fasse ressentir la sueur des aisselles du pelo pendant deux heures, mais était-il vraiment nécessaire de développer tout cet à côté ?
Et surtout le sectaire et ses discussions avec la fille de Charlie. Je défie quiconque d'en trouver une utilité. Humaniser la fille ? A ma connaissance, envoyer à des religieux qui ont du ressentiment envers leur fils des photos de lui fumant un bon joint après être parti en volant la communauté, ça ne rend service à personne, hormis dans ce film où c'est profitable au sectaire et à la fille qui rend papa fier.
Et enfin, le thème, pardon le lieu commun, du conformisme de l'école et de l'université est traité avec une telle lourdeur... (désolé de revenir souvent à ce mot mais c'est obligé).
En fait, je n'ai jamais vraiment ressenti l'obésité de Charlie, et cela est conséquence du scénario qui en fait un détail et des choix de la réalisation, qui nous éloigne bien trop souvent de ce corps qu'on devrait pouvoir sentir. On a parfois l'impression que les 270 kilos de Charlie n'ont été mis que pour en faire un mec attendrissant, en supplément d'un scénario déjà écrit sur l'authenticité et les conséquences d'une homosexualité découverte sur le tard.
Dommage.