Dès le début j’ai perçu que ça sentait le cul, mais c’était pire que je ne le pensais. Déjà, c’est moche, et les retouches numériques sur Brendan Fraser se voient quand-même, et clairement, ça n’aide pas à rendre le film corporel, ce qui eut été intéressant pour un film qui parle d’obésité. De ce fait les scènes d’hyperphagie sonnent fausses, mais vu que de toute façon elles sont courtes et filmées avec le cul, au moins c’est ton-sur-ton.
Quand on a une scène d’ouverture avec un obèse qui se branle sur porno gay on peut se dire : bon, c’est pas bien subtil, mais c’est Aronofsky, on sait que son truc c’est de faire rentrer de la corde à nœud dans le chas d’une aiguille, on n’est pas surpris. Mais au moins il se passe des trucs dans ses films, y a des effets de style, quelque chose… Là, dès cette première scène, on suppute que ça va être filmé avec les genoux, et bah mon colon …
Et c’est quand-même assez inhabituel pour lui. Autant dans Mother c’était nul et ça n’avait aucun sens, mais il tentait des trucs, là, il a dû se dire « c’est une adaptation de pièce de théâtre, je ne vais pas faire de cinéma ». Et c’est réussi. Il ne se passe rien, rien n’est mis en valeur, et en plus c’est moche. Ça parle pas vraiment d’obésité, ca parle de famille comme un maçon portugais parlerait du Caravage, ca parle à peu près de rien.
Et l’enchaînement des scènes, et surtout des répliques, est catastrophique. On passe du coq à l’âne en permanence, on te déballe les secrets les plus intimes après t’avoir demandé si tu voulais encore du boudin créole. Et cette qualité désastreuse de l’écriture n’aide évidemment pas les acteurs, qui sont seulement cinq, à faire quelque chose. Passons sur Fraser, qui est à la limite correct (mais à des kilomètres de mériter le moindre prix), l’infirmière reste encore la plus convaincante. Le pire étant la fille, qui est une caricature d’ado en crise, qui débarque énervée sans prévenir, et le restera toujours, dans une espèce de démonstration de surjeu permanente. Horrible.
Peut-être que la pièce est bien. Peut-être que c’est du théâtre post-moderne où les personnages ne prennent pas le temps de s’introduire. Mais là le film ne semble pas avoir cette démarche. Il respecte un canon filmique très classique, tout en traitant ses personnages comme des abstractions (à part peut-être le principal). Il essaie de faire des crêpes avec du chou-fleur, et c’est dégueulasse.
Une certaine malhonnêteté du public étant que, c’eut été un film français, on l’aurait caricaturé à base de « film chiant, drame familial larmoyant blablabla ». Mais c’est américain, et y a un gros. Ca serait quelque part doublement grossophobe de le critiquer.