Benny Chan en demi-teinte
Benny Chan a depuis longtemps fait ses preuves question films d’actions qui déménagent malgré quelques faux pas évidents dans sa filmographie, et chacune de ses nouvelles réalisations est attendue de pied ferme par une poignée de fans qui croient en lui pour dynamiser le ciné HK qui n’est pas au top de sa forme malgré un sursaut depuis quelques années. C’est donc avec un grand plaisir qu’on se lance dans le visionnage de The White Storm dont la bande annonce annonçait quelque chose de très excitant. Mais comme on le sait tous, il faut se méfier des bandes annonces…
Avec son casting composé de trois valeurs sûres du ciné HK en la présence de Louis Koo, Nick Cheung et Lau Ching-Wan (se faisant dorénavant appeler Sean Lau si on en croit l’affiche du film), mais également de quelques têtes qu’on a toujours plaisir à retrouver comme Ben Lam ou Ken Lo, The White Storm va nous raconter le parcours de trois amis d’enfance devenus policiers, mais surtout des rudes épreuves auxquelles ils vont être confrontés lorsqu’ils vont être mis sur le démentellement du plus gros trafic de drogue d’Asie du Sud Est. Sur la façon dont la chose est mise en scène, on va clairement penser au Bullet in the Head de John Woo, avec ces histoires d’amitié, de trahison, de culpabilité, de vengeance… Et il est vrai que ce que Benny chan nous raconte est assez fort même si on reprochera clairement un côté parfois un peu trop larmoyant à certaines de ces scènes, frisant parfois le ridicule.
Le jeu des acteurs n’est clairement pas à mettre en cause, notre trio est tout simplement impeccable, mais le fait de vouloir pousser à l’extrême la « gravité » de certaines situations rend l’ensemble un peu too much et assez indigeste. J’en veux pour preuve cette scène à l’hôpital avec la mère du personnage de Nick Cheung, qui prête plus à rire qu’à être ému. De l’aveu même de son réalisateur, il s’agit de son film le plus sombre, et effectivement quand on voit le résultat, on peut le confirmer sans aucun problème, mais autant cela peut être à la fois une qualité, autant cela peut donc avoir des effets néfastes si cela n’est pas mis en scène correctement. Je n’étais peut-être pas dans un bon jour, qui sait…
Niveau action par contre, Benny Chan sait ce qu’il fait et comme souvent avec lui, on est dans du haut de gamme. Même si certaines scènes manquent clairement d’originalité, comme s’il n’arrivait pas à y insuffler un style bien à lui (c’est flagrant dans le final), force est de constater que ça défouraille tout de même sévère. La scène de l’échange en Thaïlande avec les hélicos et leurs sulfateuses est d’une intensité ahurissante. On en prend plein la gueule, on reste les yeux scotchés à notre écran, passant d’un gunfight à une course poursuite pour finir sur une scène d’une grande puissance au bord d’une falaise, le tout avec une facilité déconcertante. Décoiffant ! Par contre, pourquoi se sentir obligé, comme lors du final, d’accompagner ces moments de testostérone pure d’une musique cantopop absolument indigeste alors qu’une track épique style Hans Zimmer aurait été bien plus approprié ? J’avoue être assez hermétique à la chose, mais quand ça ne colle pas à ce qu’il y a à l’image, ça donne vraiment cette impression d’être à coté de la plaque…
The White Storm est loin, très loin même d’être parfait, essayant de nous surprendre avec des twists qu’on voit venir à des kilomètres et de nous faire croire à des scènes parfois assez invraisemblables. Le pari de Benny Chan n’est clairement pas réussi à 100%. Pourtant, l’ensemble se tient plutôt bien dans son genre et se regarde même sans aucun problème malgré la durée du film (2h16 tout de même). Petite déception mais tout de même un bon moment.