Pour autant que je connaisse The Wicker Man, celui ci a toujours illustré pour moi l'expression "mi-figues/mi-raisins".
Le 1er visionnage au cours d'une soirée arrosée avec un pote, m'a laissé sur l'impression d'un excellent exercice pour les zygomatiques mêlé de confusion.
Alors que le pote cité ci dessus est actuellement affairé à idolâtrer "The Hobbit" et "V pour Vendetta" (et tout ça sans le moindre second degré dont il est pourtant capable) tandis que je me pose des questions sur ce à quoi j'ai assisté il y'a maintenant près de 4 ans (avec tout le 1er degré dont je me croyais dépossédé).
Après avoir vu l'original (dans sa version ciné en revanche) pour me faire une base solide, je me lance sur ce remake porté à bout de kick punch par Nicolas Cage (que j’appellerai Nini pour plus de facilité)...
Le film commence par une belle journée où Nini se doit de déguster une salade pour casser le stéréotype du flic bouffeur de beignets, porte une veste en cuir pour montrer qu'il est plus rebelle que Lorenzo Lamas et affirme que ramasser une poupée balancée par une pisseuse de 10 piges (à qui j'aurais foutu deux torgnoles au passage) "fait partie de son boulot".
Et là, le festival comique commence: un camion plus vicelard que celui de "Duel", sur la mauvaise voie apparemment depuis un bout de temps sans que personne le remarque et/ou l'entende, s'élance à toute vitesse sur la voiture en face de lui (la voiture où se trouve cette fameuse pisseuse). Nini n'écoutant que son courage s'élance vers la bagnole en flammes pour sauver la pisseuse à qui il tend la main pour la tirer du brasier tandis que celle ci le regarde avec méfiance comme si "Marc Dutrou" était imprimé sur le badge qu'il arbore fièrement et ne semble pas spécialement inquiétée par la situation dans laquelle elle se trouve. (Si elle est New-Yorkaise ou de Roubaix ça peut être compréhensible, sinon c'est juste con).
Voilà la belle intro proposée par Neil LaPute pour débouler dans le film original et là un élément à peine perceptible commence à mettre mal à l'aise. Un élément devenu quasiment récurrent dans les remakes actuels des films de la période 60s/70's => là où le réalisateur misait sur l'ambiguïté et ne désignait pas clairement de "gentils" et de "méchants" personnages, jouant sur la notion de bien et de mal, les réal actuels se sentent obligés de souligner au spectateur à coups d'effets surannés bien lourds et indigestes de quel côté la sympathie du spectateur doit se placer. (En gros Hollywood te dit comment penser et redéfinit ta notion de bien ou de mal. Merciiiiiiiiiiiii!)
L'exemple le plus parlant restant indubitablement le remake malheureux (je veux dire qu'il résulte de circonstances malheureuses) de "La dernière maison sur la gauche". De chef d’œuvre très très cheap mettant en question le rapport du spectateur avec la violence, et ses propres opinions quant à l'utilisation de la dite violence en mettant face à face 3 individus meurtriers/violeurs et un couple de parents prêts à venger la mort de leur fille (faudrait que je pense à en faire une critique de ce piti chef d’œuvre d'ailleurs) le remake se permet de se ramener avec de gros sabots, se contenter d'illustrer des gentils contre des méchants en ôtant tout ambiguïté quant à la position des meurtriers violeurs -au cas où des dégénérés regardant le film n'aurait pas compris le côté immoral de ces personnages- en foutant... LE PERSONNAGE MI-GENTIL MI-MECHANT.
Vous savez CE perso qui a évolué dans le "mal" mais qui au contact du bien va comprendre en quoi les actes qu'il a accomplis sont mauvais. (bonjour personnage du nom de Justin...) Et (en ne tenant pas compte du retournement de situation qui parait encore plus prévisible en fonction du tic décrit précédemment) le personnage de Willow Woodward remplit parfaitement ces critères et nous fait grincer des dents à chacune de ses apparitions.
J'ai bien envie de parler de la vision caricaturale et Moyen-Âgeuse du paganisme => Là où l'original nous offrait une vision travaillée et absente de jugement des rites païens, ici on obtient une sorte de propagande anti-vaginocratie (ouais j'le trouve trop classe ce mot).
M'enfin Neil, qui tu veux effrayer? Les machos des 50's? Oui on s'est rendu compte du pouvoir grandissant des femmes mais on ne va pas s'en inquiéter pour autant! (vu le temps qu'il leur a fallu pour obtenir ce qui leur revenait de droit...)
Le summum restant quand même la scène de la parade finale
J'ai bien envie de revenir sur le fait que cette version ne contient aucun plan nichons ou encore revenir sur la dernière séquence avec un Nicolas Cage tabassant toute femme sur sa route durant la dernière partie du film (Mention spéciale au coup de pied kung-fu au milieu de la taverne) mais non. Au final reste un film mineur et miné par une direction et une interprétation minables, seul le montage peut mériter un argument positif en sa faveur notamment dans l'évolution de la colorimétrie.
PS: Angelo Badalamenti... QU'EST CE QUE TU VIENS FOUTRE ICI???