Le début du film The Wicker Man, où l'on voit un inspecteur de police anglais débarquer sur une petite île, a de quoi inquiéter. Il faut dire que l'histoire du cinéma nous a enseigné qu'il n'a jamais été bon d'accoster sur ces terres perdues au milieu de l'océan. On se souvient par exemple des Chasses du Comte Zaroff ou de pauvres naufragés se retrouvent traqués par un aristocrate habitant les lieux.
Ainsi, l'île est un endroit dangereux de par son isolement. Loin de toute civilisation, elle incarne un certain retour à la sauvagerie barbare.
Wicker Man n'échappe pas à ce mécanisme même s'il est plus insidieux, ne dévoilant pas tout de suite ses cartes. Au départ, l'inspecteur arrive pour résoudre une enquête de disparition et tombe sur ce petit village anglais qui semble à première vue on ne peut plus normal. Ce n'est qu'après investigation que le malaise s'insinue, lorsqu'on découvre que l'endroit est en réalité géré par une secte célébrant des dieux impies. Cette sensation d'inconfort est accentué par le ton du film, oscillant entre polar, documentaire et comédie musicale. Un mélange de genre savoureux mais qui rend trouble la perception de cette ville, ne sachant quel mystère se renferme derrière celle-ci.
Quant aux passages musicaux , ceux-ci font sans doute partie des moments les plus marquants du film, permettant de mettre en exergue un aspect mystique mais aussi et surtout d'afficher le décalage entre les insulaires participant tous à la danse et le héros qui n'y prend pas part. Cela résume assez bien l'affrontement entre ce policier, représentant de la société traditionnelle, et cette jeunesse impie empreinte de contre-culture (n'oublions pas que le film a été réalisé dans les années 70).
Wicker Man apparaît donc comme une oeuvre marquante, se démarquant beaucoup du cinéma d'horreur britannique de l'époque et des fameuses productions Hammer. D'ailleurs Christopher Lee, qui joue ici le gourou de la secte, a souvent rappelé que ce film était son préféré.