Monsieur et madame Castleman.Joseph Castleman,célèbre et vieil écrivain américain,se voit décerner le Prix Nobel de littérature.Le voilà donc qui déboule à Stockholm en compagnie de sa femme Joan pour y recevoir sa récompense,mais la fête va être gâchée par l'irruption de Nathaniel Bone,un plumitif désireux d'écrire la biographie du lauréat,qui va dévoiler un secret qui pourrait détruire la carrière et la réputation du vieux Joe.Quand on combine au sein d'une coprod anglo-suédoise le clacissisme british rasoir et la lourdeur scandinave plombante,ça donne ce poussif exercice de style s'apparentant à du théâtre filmé,même si c'est adapté d'un roman.Et même dans cette optique ça ne fonctionne pas car les dialogues,qui auraient pu sauver l'entreprise,ne sont pas à la hauteur.Le réalisateur suédois Björn Runge est un laborieux pataud qui fait dans la caméra statique et le rythme soporifique,se révélant incapable de donner le moindre élan à ce bousin flippé entrelardé pour bien achever la bête de flashbacks foireux et inutiles.En plus le fameux secret sur quoi repose le film est vite découvert et ne relève pas de l'originalité la plus folle puisque deux autres oeuvres sorties à peu près au même moment,"Colette" et "Monsieur et madame Adelman",racontent la même chose.L'imposture littéraire donc,un sujet déjà ancien évoqué notamment dans "Imposture" en 2005, "Devenir Colette" en 91 et "Faux et usage de faux",sur l'affaire Gary-Ajar en 90.Il s'agit ici d'une nouvelle déclinaison de l'histoire vraie de Colette et Willy,bien que les personnages et l'époque soient différents.Substrat féministe évidemment avec cette épouse naïve et amoureuse dont le talent d'écriture est honteusement exploité par un mari charmeur,manipulateur,infidèle,beau parleur mais infoutu d'écrire une ligne,ce qui ne l'empêche pas de s'attribuer le mérite et les lauriers dus au travail de sa femme.Et comme dans "Colette",le faux génie se montrera faible et démuni quand son épouse voudra le lâcher.Joan,de son côté,pensait au départ qu'en tant que femme elle ne pourrait être éditée,et que si elle l'était ses livres ne se vendraient pas,ce qui l'a incitée à rester dans l'ombre d'un petit prof sans talent.Le sujet n'est pas inintéressant mais non seulement c'est filmé de manière ennuyeuse,mais en plus les protagonistes manquent de profondeur et ne provoquent guère d'empathie,ni même de vraie antipathie.On a cependant droit à une amusante exploration détaillée de cette foire aux cons qu'est le Nobel.Les acteurs,excellents,se débattent courageusement au milieu de cette mélasse où ils sont englués mais ni Jonathan Pryce ni Glenn Close n'arrivent à transcender la nullité de leur partition.Seul Christian Slater,fantastique en écrivain-enquêteur tenace et séduisant,tire son épingle du jeu.