Les démons du vil âge

Pour un premier long métrage The Witch reste un essai cinématographiquement brillant, à la plastique souvent proche du ravissement et magistralement dirigé et interprété.

Vendue comme un film d'horreur l'Oeuvre proposée par Robert Eggers se démarque élégamment d'un genre généralement très sousestimé, en jouant davantage sur l'atmosphère et l'esthétique que sur les codes eux-mêmes. Aucunement trash ni gore - ou si peu - The Witch se rapprocherait plutôt du cinéma d'épouvante voire du pur fantastique, convoquant à notre esprit les premiers films de M. Night Shyamalan. Assumant pleinement la dimension historique, archaïque presque, de son décor Robert Eggers distille un climat sourdement anxiogène ; il prend son temps pour introduire sa poignée de personnages, chacun étant à sa façon victime de sa croyance et de son implication dans le dogme religieux.

Le film joue remarquablement bien sur la dimension groupale de cette famille terrifiée par les voies insidieuses d'un Malin difficilement identifiable : ambigüe et retorse cette intrigue d'enfants perdus et de parents moralement reprochables reste efficace tout du long. Par ailleurs les jump-scares, utilisés avec adresse et parcimonie, parviennent admirablement à provoquer notre surprise et notre émotion. Quant à la direction artistique elle reste l'un des atouts majeurs d'un film proche du sans fautes... On regrette simplement une coda en forme de queue de poisson, qui désamorce les enjeux déployés habilement auparavant. Cela n'en demeure pas moins assez prodigieux pour un premier film. Je conseille !