Mis en scène par un solide artisan (Barry Levinson, auteur, entre autres, de "Sleepers", "Rain Man" ou "Good Morning, Vietnam ") et porté par un prestigieux casting (Robert De Niro et Michelle Pfeiffer en tête), "The Wizard of Lies" narre la chute d'un des plus grands escrocs de l'histoire humaine, Bernard Madoff.
Beaucoup de gens se souviennent de la crise financière qui a touché Wall Street lors de l'année 2008 mais les rouages de ce phénomène demeurent malgré tout assez obscurs.
L'une des forces de ce téléfilm produit par HBO est d'avoir su "vulgariser" l'affaire Madoff. Levinson n'utilise l'arnaque qu'en termes de contexte pour une histoire avant tout humaine et offre de purs moments de cinéphilie (qui rappellent parfois Scorsese) dans la mise en scène de cette affaire (voir De Niro faire monter les investissements d'un potentiel pigeon avec pour fond sonore un jazz endiablé). Une fois les cartes de l'intrigue en mains, le spectateur peut se concentrer sur le coeur du film : le portrait d'un homme aux multiples facettes qui alterne, pour l'audience, entre sentiment d'attirance et rejet pur et simple.
Avoir choisi De Niro pour incarner Madoff est sans aucun doute la meilleure idée du film. Ce dernier insuffle sa mélancolie et sa grandiloquence à un personnage qui ne cesse de changer de visage. Cet aspect est bien porté par la narration anarchique du film qui modifie constamment sa temporalité pour mieux souligner les changements de personnalité de son protagoniste principal. Tout le film nous porte vers une dernière scène où la nature même du personnage est questionnée. L'oeuvre de Levinson devient alors une passionnante étude de comportement d'un être symptomatique de son époque et de son milieu : vide, arriviste et indéchiffrable. Michelle Pfeiffer ou l'excellent Hank Azaria en homme de main et confident ne sont pas en reste et livrent d'excellentes performances.
Baignée d'obscurité, la réalisation de "The Wizard of Lies" est à l'image de son personnage principal : fuyant, imperceptible et parfois même dérangeant. En résulte une oeuvre réussie, un biopic d'auteur qui a su cerner le coeur de son sujet pour en livrer l'essence même.