"Sometimes we go out once a year. One particular year, we never went out at all."
Des barrières. Les premières images du documentaire donnent le ton. C'est le quotidien hors-norme et l'évolution de 6 jeunes frères new-yorkais que la cinéaste Crystal Moselle va retranscrire avec brio.
Ceux-là ont vécu confinés dans un appartement du Lower East Side avec leur soeur et leurs parents. C'est leur père, anti-conformiste et qui ne travaille pas (sa façon à lui de résister contre "l'esclavagisme capitaliste") qui tient a voir grandir ses enfants sans aucun contact avec le monde extérieur, craignant la perversion du système.
Tout au long du documentaire, nous suivons l’évolution de ces jeunes qui ont su garder un équilibre psychique dans cet environnement singulier grâce au cinéma.
Enfermés, ils passaient leurs journées à voir des films et à rejouer leurs scènes favorites (allant jusqu’à réécrire entièrement certains scripts).
Leur seule ouverture sur le monde extérieur passait alors à travers les films de Tarantino ou des frères Cohen.
Le cinéma, en tant qu’échappatoire d’un quotidien quasi carcéral, les a finalement sauvés, à travers le visionnage et la création de films.
En grandissant, ils finiront par sortir pour découvrir le monde qui les entoure. Ils nous apparaissent alors très touchants, tant par leur originalité que par la force de leur caractère.
C’est avec beaucoup de pudeur, presque en retrait, que la réalisatrice réussit à faire partager ces moments. En insérant des séquences vidéos faites par les jeunes garçons eux-mêmes, elle rend alors son propos encore plus authentique et donc plus troublant.