Bois la tasse
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Dans les années 1960, Heather Fasulo est placée comme pensionnaire dans une institution pour jeunes filles, la Falburn Academy. Elle doit quitter ses parents, à moins que ce ne soit l’inverse, pour un étrange établissement où la compassion froide des adultes et les réactions souvent étouffées de ses camarades ne l’aide pas à s’épanouir dans ce lieu. Car elle comprend bien vite qu’il y a une histoire dans ces murs et que les bois qui les environnent cachent peut-être un secret mais aussi une menace.
The Woods est un film à l’angoisse feutrée. Un sentiment d’autant plus facile à susciter que son cadre l’y autorise, avec son institution aux faux airs d’école anglaise, tandis que la menace des bois est floue, comme une peur d’enfance. Le film joue avec un certain doigté sur son atmosphère étrange, inquiétante, mais pas oppressante. Le doute est savamment construit sur les intentions du personnel « éducatif », froid comme on peut l’attendre dans un tel cadre, mais sans arriver encore à distinguer les véritables intentions.
Néanmoins, The Woods prend le pari de déflorer son intrigue trop tôt, dans un rare moment de communion entre les jeunes filles. Il semble alors trop évident que cette histoire, racontée comme celles murmurées autour d’un feu entre amis, est bien réelle. Sa confirmation dans les dernières minutes déçoit, il aurait été possible de surprendre le lecteur s’étant laissé au doute. La fin du film est d’ailleurs un triste ratage. Le film utilise des effets spéciaux jusque là inexistants avec une grande réussite, pour une scène magistrale. Hélas, ce qui en découle est précipité, carnavalesque, jurant avec les précédents bons moments vécus dans le film.
Car The Woods est d’une grande justesse. Il le doit à son casting, qu’on sent très impliqué. Agnès Bruckner joue le personnage principal avec une grande dureté qui n’est qu’extérieure. Bruce Campbell, l’un des rares acteurs masculins interprète son père. Patricia Clarkson est la directrice froide mais attentionnée, à moins qu’elle ne soit froide et intéressée. Parmi les jeunes camarades féminines qui entourent Heather, deux s’en distinguent, la timide mais inquiétante Marcy interprétée par Lauren Birkell, très impressionnante, ou la méchante de service jouée par Samantha Wise. Mais cette méchante ne l’est peut-être pas tant que ça.
Et c’est aussi un des atouts du film que de cacher dans ses plans des indices, ou de laisser de la place à l’interprétation sur quelques points du film. Les réactions du personnage de Samantha Wise sont relues différemment selon l’avancement du film. L’interrogation sur son sort est d’ailleurs très forte. Qui sait s’il n’y a pas encore d’autres points qui mériteraient d’une seconde relecture ?
Oui mais, il y a cette histoire. Le film est si bon quand il joue sur les non-dits, quand il laisse suggérer. Et puis il se conclut comme ça, comme une violente claque sur ce qui avait fait son charme. Comme si au moment de devoir tirer sa révérence devant son public, il faisait le pitre.
Il en restera malgré tout quelques bons souvenirs, grâce à son charme et ses acteurs. Mais aussi grâce à sa bande-son, composée de quelques titres de Lesley Gore, une chanteuse des années 1960. Des morceaux d’époque, bien réels, qui collent au film avec une grande justesse, avec notamment « You don’t own me », formidable, d’une modernité folle.
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Créée
le 14 oct. 2019
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