Le saut de la troisième corde.
Un film qui fonctionne sur l'émotion. Le drame.
Ce looser pathétique qui rame dans la vie à gagner 3 écus en s'en prenant plein la tronche, qui vit dans une caravane, qui a pour pote une strip teaseuse, et qu'on sent à deux doigts de finir à la rue, tout seul, paumé, lorsqu'il a une crise cardiaque et que son médecin lui dit d'arrêter le catch.
Pitch tire-larme à souhait.
Surtout qu'on peut rajouter que le gars à un contact trop cool, humain et sympa avec les clients du supermarché pour lequel il bosse un peu, qu'il a une fille craquante qui n'est pas contre avoir un père mais celui-ci foire tout (on n'échappe pas à la jolie scène des retrouvailles, où on se dit que là tout est possible, un nouveau démarrage... etc).
La gueule de Rourke fait peur. Immonde, avec tous ses muscles et son visage boursouflé. il semble complètement prisonnier de son corps, engoncé, rien que ses gestes pour remettre ses longs cheveux blonds décolorés en arrière donne l'impression d'une fausseté, d'un problème anatomique qui rend la chose la plus non naturelle du monde.
Selon sa sensibilité, on pourra pleurer à chaudes larmes devant ce film bien ancré dans la mouvance film indé, images d'une ville grisâtre, grain d'authenticité, rythme tremblant. Ou trouver que c'est un poil too much, que ça manque de peps, d'originalité, et de profondeur.
Le genre de film qu'on a vu 150 fois, mais qui n'est pas dénué d'une tendresse qui rend un chouia attachants ces personnages en marge de l'existence, qui ont du mal.
Une BO plutôt rigolote de vieilles chansons de hard rock (Accept, Scorpions, Quiet Riot).
Qu'il est eu autant de prix n'est pas surprenant, mais plutôt dommage...
Un parfait film de soirée tranquille, ou d'après-midi brumeuse.