C'est à 25 ans que James Gray réalise son premier film avec l'excellent Little Odessa, remportant notamment un lion d'argent à Venise puis 6 ans après qu'il met en scène son second, The Yards, où il nous emmène dans le milieu des entreprises du métro new-yorkais pour y suivre un jeune homme tout juste sorti de taule.
Et c'est dans ce milieu-là que James Gray jette le jeune Leo qui va peu à peu découvrir ce qu'est vraiment la société dans laquelle il vit, une société pourrie où les bons n'existent pas mais uniquement des mafieux, corrompus, profiteurs etc. La mafia fait vivre tout le monde, et dans cet univers aussi impitoyable qu'individualiste, il n'y a pas d'amis, peu d'amours, et pas de place pour les bons, le tout étant bien caché et c'est vraiment de l'intérieur qu'il va découvrir cet univers d'une violence rare.
C'est d'abord par l'écriture que The Yards s'avère brillant. Restant braqué sur Leo, Gray met en place une passionnante et complexe galerie de personnages où vont se mêler mystère, double-jeu, trahison, amour, corruption, famille et donc mafia. Des personnages allant à merveille avec cet univers et Gray prend bien le temps de les approfondir, leur donner une consistance et une évolution cohérente plus on avance dans le récit et que les péripéties les mettront face à leur destin. D'une grande justesse il fait toujours preuve d'intelligence, construisant son récit avec brio pour bien montrer comment cette réinsertion va tourner au cauchemar.
Merveille d'écriture doublée par une merveille de mise en scène où, tout en élégance, il met en place une ambiance sombre, puissante et surtout étouffante où il fait peu à peu monter la tension jusqu'à une dernière partie où cette atmosphère oppressante va atteindre son paroxysme. La réalisation est très élégante, Gray joue beaucoup avec les visages des protagonistes, livrant des plans permettant de mieux nous immerger au coeur du récit et arrive à en tirer l'émotion et la richesse. La bande originale d'Howard Shore, et l'élégante photographie, participent aussi à la réussite de l'oeuvre. The Yards bénéficie aussi d'un incroyable casting où chaque acteur arrive à se fondre dans son rôle pour en tirer toute la profondeur, l'émotion où la complexité, tant Mark Whalberg qui va se retrouver perdu au coeur de cette société pourrie que le génial et magnétique Phoenix, la belle Charlize Theron ou encore James Caan et Faye Dunaway.
C'est donc au cœur d'une mafia en ce début de XXème siècle que James Gray nous immerge, où il va mêler dramaturgie et violence, le tout avec puissance, émotion et dans une ambiance sombre et étouffante. Un petit bijou du film noir.