Madre
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Ce n'est pas que " The Yellow sea" ait vieilli mais il fait quand même partie de tout un ensemble de films coréens qui ont vu le jour en France car, de toute évidence, à ce moment-là, l'Europe était attirée par la violence démesurée de certains chefs-d'œuvre comme Old Boy (2003), Bittersweet Life (2005), The Chaser (réalisé aussi par Na Hong-Jin en 2008) ou encore No Mercy (2010). Que ce soit du côté coréen ou du côté hongkongais, ils étaient rares les films distribués en France qui brillaient par leur romantisme. On se rappellera bien sûr de In the mood for love (2000), film romantique, certes mais qui dépeint une relation platonique, confinée dans un espace très restreint et asphyxiant. Les codes du cinéma noir y sont bien présents mais très adroitement suggérés.
The Yellow Sea cherche à tout prix une structure, une organisation, un tempo chronologique délimité par des épisodes mais, malheureusement, il se noie dans ce cafouillis de sang, membres découpés, de men in black et de coups de hache affreux. Si l'on arrive à se détacher de tout ce méli-mélo, si on épluche soigneusement l'intrigue, le scénario est très bon, quoi que légèrement décousu. Les points culminants sont touchés à la va-vite alors que l'épanchement des bagarres et du gore devient trop lourd. Il est possible que cet aspect, que toute cette profusion de testostérone, attire un certain public mais pas tout le public. Du moins concernant ma copine.
Ha Jeong-Woo et Kim Yoon-Seok avaient déjà travaillé avec le réalisateur dans "The chaser". C'est probablement dans ce film que la plupart d'entre nous s'est rendu compte que tout est véhiculé, greffé et accroché aux capacités de course du personnage principal. Ça court. Tel un jeu vidéo, il y a toujours des méchants très méchants, avec toute une diversité d'armes et une créativité incroyable pour faire valoir leur pouvoir. Alors que dans "The chaser" l'idée est très claire (horriblement claire) et que l'on ne peut pas se perdre tant que l'on reste accroché au dos et aux jambes de Kim Yoon-Seok, dans The Yellow see les méchants sortant de partout et appartenant à des chefs différents, finissent par devenir une masse gluante et amorphe, un conglomérat de corps fusionnés. On dirait presque l'un des démons de Demon Slayer, une de ces immenses boules qui se déplace écrasant tout ce et ceux qui se mettent en travers de son chemin.
Mais, mais, mais, ce qu'il ne faudrait surtout pas manquer ou ignorer, ce dont nous devrions être conscients depuis le début c'est que The Yellow Sea n'est pas un film dont la violence serait le sujet principal. C'est l'histoire d'un loser qui se voit offrir une opportunité pour échapper à sa merde et qui, poursuivi par deux entités différentes et accablé par la disparition de sa femme, déploiera toute son énergie pour s'en sortir. Ha Jeong-Woo, interprète ce rôle complètement à l'opposé du psychopathe de "The chaser" avec la détermination qui le caractérise. Il nous arrive même d'oublier qu'il s'agit de la même personne et il en va de même pour Kim Yoon-Seok, qui n'a strictement rien à voir avec le nounours de "The chaser". Cela prouve à quel point ce sont de bons acteurs.
The Yellow Sea est une composition de A à Z et même si à notre avis les boucheries sont trop exagérées et trop présentes, le fil conducteur, tiré surtout et par-dessus tout par Ha Jeong-Woo, nous tiendra en haleine jusqu'à cette fin, pour le moins singulière.
Créée
le 20 nov. 2023
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