Soient trois frères, tous trois issus d'un grand chef bédouin, connu et respecté de tous, qui vient de rendre l'âme. La scène se tient dans le désert arabique, où la tribu nomade a fait halte autour d'un puits. Suite à l'arrivée nocturne d'un officier anglais et de son guide, le frère cadet, Hussein, est désigné par l'aîné pour escorter le duo vers un autre puits et vers "l'âne d'acier", la voie ferrée que les occupants britanniques sont en train de faire construire et qui bouleverse tout l'équilibre du pays. Nous sommes en 1916 et le benjamin, Theeb, "le loup", très attaché à son aîné, parvient finalement à s'imposer dans cette équipée.
Le film prend alors des allures de western oriental, avec brigands à l'affût, échanges de tirs, péril de mort dû à la faim, la soif, une blessure... Mais il se distingue du grand genre américain par la spécificité des paysages, l'élévation des canyons, la pâleur de la roche, la blancheur des vêtements bédouins qui dissolvent l'homme dans le cadre, le silence qui marque les actions, même les plus violentes, la lenteur des chameaux...
La narration adopte le rythme de ces animaux phoriques et paisible, s'autorisant à laisser peser l'attente, le silence, la solitude porteuse de mort... La musique est rare, parfois lyrique, osant des chœurs qui lancent des mélodies colorées d'orientalisme, mais proches des partitions d'Ennio Morricone, en un hommage aussi discret qu'effectif.
Les visages adultes ont la beauté et l'aridité altière, verticale, des parois rocheuses, achevant de nous transporter sur la terre des rois mages. Mais, comme face à un western, le spectateur va assister à la construction progressive du jeune héros éponyme, qui s'enrichira de chaque épreuve surmontée. On regrettera seulement que, après nous avoir entraînés dans un territoire tellement autre, le film revienne sur le sentier banal du meurtre, le jeune futur chef faisant payer le prix fort à celui qui aura osé se dresser sur son chemin en père de substitution...