Thelma explore l’adolescence et ses désirs, ses expériences et ses interrogations, les tempêtes intérieures à l’éveil. Prenant pour thème la foi, le metteur en scène pointe efficacement ce que l’éducation religieuse pourrait avoir de conséquences sur sa progéniture et de nous laisser l’interrogation quant à la véritable personnalité de Thelma, servis par d’excellents acteurs.
Thelma se retrouve libre tout à coup, prête à se laisser porter par sa nouvelle vie d'étudiante hors de sa contrée sauvage natale, alors que soudainement et sans explication a priori, des crises épileptiques apparaîssent. Finissant par se refuser à sa nouvelle vie, marquée par l’intégrisme de son éducation, ses crises sembleraient intervenir pour appuyer ses tourments.
Les forces qui habitent Thelma sont dangereuses, ses contacts avec ses parents laissent planer une ombre, les décors sauvages et glacials de sa contrée et anonymes de la ville jouent sur l’ambiguïté, entre normalité et surnaturel.
Le souvenir d’un traumatisme d’enfance finira par nous éclairer avec quelques scènes mystérieuses (vol d’oiseaux, lumières qui vacillent) pour les événements étranges à venir. Disparitions, visions cauchemardesques, symboles bibliques confèrent à l'ensemble une ambiance hypnotique.
Thelma est à l’image du cinéma scandinave et de ce qui a été fait récemment, on pense immédiatement à l’ambiance du film Morse et à ses deux enfants se liant dans leur solitude et leurs différences, mais aussi au film Transfiguration et de ce jeune vampire (?) qui s’émancipera grâce à une rencontre. Deux films alliant réalité et fantasme, sobriété et puissance de narration sur la quête d'identité.
Alors Thelma est-elle une malade ou est-elle une sorcière ? Ne serait-ce pas le traumatisme de son éducation qui la rendrait folle ?
Est-elle réellement dotée de pouvoirs ?
Eili Harboe à la fois douce et froide porte son personnage. Okay Kaya sera celle par qui le malheur ou la délivrance arrive...Le père Henrik Rafaelsen et Ellen Dorrit Petersen la mère laissent poindre l’idée du sacrifice ultime et renforcent l’idée du danger proche, celui auquel on ne s’attend pas enfant. Parents aimés mais rigides que l’on ne souhaite pourtant pas décevoir. La scène d’introduction perturbante, nous laissera dans l’interrogation tout du long.
Pourtant il manquerait des moments de tension souvent sapés par des scènes accessoires et la portée peut paraître excessive sur le poids de la religion transposé de nos jours. De même, l’idée de transmission évoquée par le personnage de la grand-mère, n’ira pas plus loin. Et un final laissant son propos s’évanouir.
Reste un essai convaincant pour ce conte de sorcière moderne qui vaut par sa mise en scène sobre et suggestive, les nombreuses pistes offertes et la narration jouant d’ellipses qui permettent de rendre l’histoire intrigante, sans grand effet horrifique tout en appuyant le malaise constant, l’indécision et la souffrance.