Thelma
6.3
Thelma

Film de Josh Margolin (2024)

On a enfin trouvé le pendant féminin de Richard Farnsworth, l’inoubliable nonagénaire du film le moins « lynchien » de David Lynch, le chef-d`œuvre « Une histoire vraie » et son papi traversant le Midwest en tondeuse à gazon. Ici, point de drame fraternel ou de road-movie à la lenteur inégalée mais une mamie voulant récupérer son dû après avoir subi une arnaque téléphonique. Deux univers cinématographiques aux antipodes mais qui ont pour point commun un personnage principal non pas du troisième âge mais du quatrième! On pourrait citer aussi le « Nebraska » d’Alexander Payne dans ce type rare de film avec un protagoniste titre ayant dépassé les soixante-quinze voire les quatre-vingt printemps. Et si Bruce Dern jouait le rôle principal, sa femme était déjà interprétée par June Squibb, géniale incarnation de la Thelma du titre.


Et c’est peu dire que la comédienne de plus de quatre-vingt-quatorze ans (!) nous en met plein la vue dans ce « Thelma » qui lui doit beaucoup. Alors bien sûr, elle n’effectue pas de cascades pas plus qu’elle ne s’illustre dans des séquences agitées mais sa forme olympique, sa gouaille et son énergie durant l’heure et demie que dire le film impressionne. On peut assurément dire qu’elle porte le long-métrage sur ses vieilles mais solides épaules. À tel point que « Thelma » perd en intérêt et en rythme dès lors que le script s’égare à donner du temps d’écran aux seconds rôles qui l’entourent, pourtant incarnés par Parker Posey (reine du ciné indépendant US) ou Clark Gregg (illustre figure du Marvel Cinematic Universe). Le narratif parallèle les voyant partir à la recherche de notre mamie vengeresse sont parfois amusantes mais souvent futiles et guère palpitantes. On se dit que « Thelma » aurait dû se concentrer sur l’enquête de notre vieille dane pour obtenir réparation et par la même occasion, densifier l’intrigue policière ici un peu trop légère.


En effet, tout le sel du film se trouve dans cette mini-intrigue de polar qui voit Thelma et l’ancien interprète de Shaft, feu Richard Roundtree, partir en goguette pour découvrir qui a arnaqué notre nonagénaire. Et Josh Margolin, avec une mise en scène apprêtée mettant bien en valeur les pérégrinations du personnage principal et le soleil de cette banlieue californienne, de nous offrir pas mal des passages obligés des films d’action, d’arnaque ou d’enquête policière passée à la moulinette gériatrique. Courses-poursuites en scooter électrique, filature grabataire ou encore face-à-face armé entre personnes du troisième âge, le film s’amuse de et avec le personnage titre. Tout cela s’avère délicieusement caustique et cocasse et il y a pas mal de séquences vraiment rigolotes (même s’il faut avouer que l’on s’attendait à davantage de rires). Mais cela est compensé par quelques jolies réflexions sur la vieillesse et l’âge au sein de quelques passages presque nostalgiques. En tout cas, c’est sympa et ça prouve que, peu importe l'âge, un film peut être porté par une nonagénaire que ce soit en mode drame ou, comme ici, par le prisme d’une comédie policière.


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JorikVesperhaven
6

Créée

le 23 juin 2024

Critique lue 296 fois

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Rémy Fiers

Écrit par

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