Attention, spoilers
Support: Bluray
Malgré le statut culte de Thelma et Louise, j’ai longtemps repoussé son visionnage. Principalement à cause de ce même statut qui a conduit les Simpsons, Family Guy et consorts à pasticher sa fin, la dévoilant par la même occasion. Mais c’est désormais chose faite, et j’en ressors mi-figue mi-raisin.
Le film est avant tout le triste constat d’une époque (et qui perdure aujourd’hui, trente ans plus tard) où une femme qui se fait violer peut être mise en faute et n’a aucune chance si elle ose se défendre. Un constat qui s’exemplifie dans la genèse même du film, alors que le projet a été rejeté par de nombreux producteurs qui n’acceptaient pas que Louise tue le violeur, un acte jugé trop amoral et qui empêcherait l’empathie. Mais qu’elle le dézingue ce verrat! C’est justement ce cri du cœur qui fait de Louise l’icône qu’elle est devenue.
Car on parle là de la fuite de deux femmes, Thelma, mariée trop jeune à un homme qui se voudrait maître, et Louise, hantée par un passé fait de cancrelats et entichée à un couillon qui se croit irrésistible. Une fuite qui les mène devant un beau panel du genre masculin, fait de belles gueules fourbes, de gros beaufs harceleurs, et du dit violeur. Une fuite comme émancipation de l’homme, à la fatalité inéluctable. Mourir plutôt que de retourner à une vie dominée par un genre qui ne les considère pas. Alors quitte à foncer dans le mur, autant en profiter pour s’amuser des conventions et jouer au vigilante en faisant ranger leur membre à ces messieurs.
Dans ce qu’il raconte, Thelma et Louise est efficace et toujours d’actualité. D’autant plus que l’alchimie entre Geena Davis et Susan Sarandon est très bonne. Malheureusement, la plupart des péripéties sont lestées par l’horrible kitsch de la musique de Hans Zimmer, et par un rythme mal maîtrisé, particulièrement pour un road-movie qui devrait normalement pouvoir se renouveler sans trop de difficulté du fait de sa structure. Il ne profite même pas de sa traversée américaine pour nous noyer dans les fantastiques paysages de ces terres, peinant ainsi à accentuer les désirs libertaires de ses héroïnes qui, si elles avaient été confrontés à ces panoramas de manière plus frontale à l’image, auraient eu une vision du champs des possibles.
Ridley Scott signe un métrage honnête mais un poil trop sage. Un film qui se place dans la moyenne haute d’une carrière où se tutoient navets et chefs- d’œuvre.