Oui, un calme week-end dans un coin reculé de montagne.
Et tout le monde quasiment sait comment ça s'est fini.
Une fin qui m'avait bouleversé la première fois que j'ai vu le film et qui, revue vingt-cinq ans plus tard, m'a semblé toujours aussi belle et poignante.
Et Thelma & Louise ne serait pas un "vrai" film, à ce qu'affirment certains ?
Quand les plus faibles refusent de se coucher devant les plus forts, bien sûr que c'est une connerie de leur part, que c'est déraisonnable de ne pas se coucher, et que forcément ça va mal finir (surtout pour eux), mais dans le cas de Thelma & Louise, ça donne matière à un film sacrément enlevé et... qui ne s'oublie pas.
J'ai presque tout aimé du scénario de la jolie Callie Khouri, son tout premier, écrit à 30-32 ans (et finalement réalisé de main de maître par Ridley Scott) ; tout m'a semblé parfaitement logique, pensé, amené... sauf une chose, et c'est le seul reproche que je, obscur petit cinéphile de rien du tout, fais à cette histoire : comment une personne aussi expérimentée que Louise / Susan Sarandon, à qui la vie a forcément appris à quel point il était difficile de se procurer cent dollars quand on est dans le besoin, peut-elle confier à Thelma / Geena Davis (qu'on nous a présentée, quand même un peu, comme une irresponsable qui sème son argent à tout vent) la totalité des six mille ou soixante mille dollars, je ne sais plus, que son bonhomme (celui de Louise) a eu un mal fou à réunir à sa demande pressante, somme qui doit permettre aux deux femmes en fuite (qui se savent recherchées pour meurtre) de rejoindre le Mexique, en contournant le Texas par le Nord-Ouest, et d'y subsister ? C'est le seul point de l'histoire qui me chiffonne et dont je questionne la vraisemblance. J'entends bien que cette erreur de jugement de Louise est nécessaire à la construction du scénario (puisqu'elle prépare la catastrophe - le vol de cette somme par un bel amant de rencontre de Thelma - qui va rendre inéluctablement tragique l'issue de la fuite des deux amies), mais c'est pour moi son seul ressort invraisemblable. Tout le reste me va.
On sait bien que Thelma & Louise est très vite devenu un film culte du féminisme puis, au fil des ans, un classique du cinéma. Ce film m'avait ému, remué il y a vingt-cinq ans et je ne m'en suis jamais dépris depuis. Je l'ai revu la semaine dernière sur grand écran, en version restaurée. Et c'est avec un plaisir renouvelé que j'ai retrouvé Susan Sarandon (dans ce qui reste pour moi son meilleur rôle), Geena Davis (elle aussi, excellente, incroyablement sensuelle, etc.) et les somptueux paysages du Sud-Ouest américain (au vrai, essentiellement l'Utah et la Californie, d'après ce que j'ai lu par ailleurs). Et au final, comme vingt-cinq ans plus tôt, les deux héroïnes m'ont occasionné le même petit incident lacrymal lorsque, acculées au Grand Canyon par les forces de police, leurs bouches se joignent, leurs mains s'étreignent et que, appuyant d'un commun accord sur l'accélérateur de leur Ford Thunderbird, elles la / se précipitent dans l'abîme et échappent pour toujours aux lois de la gravité.
Cinéma ? Oui, cinéma, bien sûr. Et alors ?