Les beaux noiseurs
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le 25 avr. 2016
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Utopie sensuelle en plein coeur de Paris
Un démarrage brutal. Une scène de coït collectif géante dans un bar gay en plein coeur de Paris en guise d’introduction. Il le regarde. Hésitant. Perdu. Excité. Enivré.
Il le regarde à son tour. Puis s'ensuit une baise sauvage autour d'autres mecs qui les regardent, jaloux de leur étreinte bestiale, de leur complicité dans l’acte, de leur incomparable désir. Une sorte de halo vient recouvrir leur deux corps : on a l’impression qu’il n’y a plus rien autour d'eux.
Cette scène, qui dure bien 10 minutes, ouvre le film Théo et Hugo dans le même bateau. Un film qui ne paye pas de mine au premier abord mais est un véritable condensé de sensualité.
On a l'impression d'écouter le dernier album du groupe Paradis, recto verso, en boucle durant tout le film. On parle ici d'une sensualité sans conditions, même quand la peur de la contamination au VIH les hante - durant la première partie du film, puis en filigrane-.
Je ne vous apprends rien en mentionnant que les "films gay" sont familiers de la thématique du SIDA, souvent utilisée à des fins de dramatisation.
Mais là c’est différent, le risque de contamination est illustré de façon paradoxale : de manière contemporaine, vraie, quand on parle strictement de la gestion en temps réel de la contamination, et rêvée, utopiste, car quand on constate l'alchimie entre les deux personnages, on s'en foutrait presque.
Les réalisateurs, Olivier Ducastel et Jacques Martineau, ont réussi a créer, en se basant sur le mythe d'Orphée et d'Eurydice, un univers astral, lunaire où deux âmes perdues apprennent à s’apprivoiser en plein Paris boursouflée par ses paradis artificiels. Ils sont liés par ce rapport sexuel, ce love at first sight. Faire l’amour pour aimer.
C’est l’histoire de deux petits mecs de Paris qui cherchaient à passer une bonne soirée. Ils ne se connaissaient pas avant. À la sortie de ce coït collectif, où ils se sont trouvés, il partent, parlent, se découvrent, s’apprivoisent après l'amour, dans des dialogues si naturels que s’en est perturbant, jusqu’à ce qu’un des garçons (Théo) avoue ne pas avoir utilisé de protection alors qu'Hugo est séropositif. Stress. Frustration. Pourquoi tu ne me l’as pas dit putain ? Ils s’engueulent. Cherchent une solution. C’est parti pour une nuit de folie. L'un, Théo, honteux de son acte, part dans la direction opposée, suivi par Hugo, qui se sent légitimement concerné par le sort de son amant. Cette peur d'une contamination stupide, paradoxalement, les lie. Ils s'énervent, se battent, mais on sent qu'il s'agit plus de culpabilité respective éprouvée l'un vis à vis de l'autre, que de griefs. Ils se sentent tous les deux responsables de ce qui est arrivé. En fait, on a l'impression qu'ils font tout, durant cette nuit, pour s'unir, se pardonner. Ils se disputent pour s'unir, s'insultent pour s'unir, s'aiment pour se pardonner.
Les rageux parleront d’un voyage au coeur du Paris bobo Parisien (et vas-y que ça se balance des mots doux en marchant le long du canal Saint-Martin). Mais qu’importe : Le film montre un amour, un attachement ou un lien (j'avoue avoir des difficultés à trouver la sémantique appropriée) entre hommes qui se construit tout au long de la nuit, et ça, c’est beau putain. Cette relation relèverait presque du sacré, d’un choix divin d’unir les âmes et - surtout- les corps de ces deux hommes. Ils vous donnent envie de les aimer. Ils m’ont donné envie de les aimer. Ils m'ont fait envie : je veux la même chose. C'est ce qu'on ressent à la fin de ce film.
Film à voir, çar il s’agit d’un film - très- indépendant, réalisé avec un budget modique, et pourtant d'une qualité remarquable.
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Créée
le 5 nov. 2018
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