Les beaux noiseurs
Du cul en premier, du cul et plein de sexe ; pour un temps, on se croirait revenu au Rectum d’Irréversible… Lumières bleues et soleils rouges, backrooms et beats hardcore (musique ad hoc de Karelle...
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le 25 avr. 2016
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Voilà un film pour le moins perturbant et sur lequel j’aurai du mal à avoir un avis tranché. Par son thème courageux d’abord, la prise de risque sexuelle, il s’avère essentiel et a au moins le mérite de le traiter de manière franche, sans apitoiement ni allégorisme. Rien que pour cela il a le mérite d’exister. Ce qui est nettement plus gênant par contre, c’est l’assemblage qu’a choisi le tandem Ducastel/Martineau pour le traiter.
Si le titre n’est pas sans rappeler celui d’un Rivette, rien d’hallucinatoire ici, au contraire et c’est plutôt du côté d’Agnès Varda qu’il faudrait voir, avec son « Cléo de 5 à 7 ». Le séquençage du doute (Théo sera-t-il contaminé ?) se place sur un peu plus de deux heures. Deux heures primordiales dans la vie du jeune homme où il passera de l’insouciante extase à une réalité sombre aux conséquences immédiates sur son avenir. Ce n’est d’ailleurs pas la seule référence cinéphilique du film, il en est truffé.
La scène préambule, dans la boîte à sexe, fait beaucoup parler ou écrire. Tournée sans détour et de manière crue, elle n’a pourtant qu’un intérêt tout relatif, elle est trop longue et trop appuyée. Le travail de la photo ne contribuant aucunement à la rendre plus intéressante. Cette saturation visuelle avait une autre tenue dans « Cruising », elle était plus lourde de sens, de même dans « Querelle » où elle habillait les corps de désirs interdits (pour l’époque). On repense immanquablement dans l’esprit à quelques scènes de « Shortbus » où l’abandon érotique mêlé d’une certaine défiance se voulait plus explicite, et surtout plus artistique. Quant à l’espèce de coup de foudre final, le kitsch est de mise, le plateau tournant, les gros plans… Et la suite n’est pas en reste.
Dès leur sortie, Théo et Hugo vont donc apprendre à se découvrir. L’enthousiasme terni par la révélation de la séropositivité d’Hugo, tous deux vont franchir très vite quelques étapes essentielles. Les urgences, la colère, le remord parmi lesquelles perdurent toutefois l’attraction la fascination.
L’approche de l’éventuelle infection a des allures de spots de prévention, mais elle a au moins le mérite de la clarté. La scène aux urgences par contre est excellente, véhiculant, avec son cortège d’angoisse, de larmes et de rires, une belle émotion. Ce sera la seule.
Je ne sais pas si cela tient du vécu de Théo et d’Hugo (prêtons le doute à la création) mais ce qu’ils ont à se dire (même si les circonstances sont particulières) est un peu insipide. Entre les grandes allégories (« si si on peut tomber amoureux d’un sexe » ou encore « nous sommes la création de l’amour »), les banalités et les non dits, cette naïveté scénaristique prête à sourire. D’autant que les deux comédiens (chapeau quand même d’assumer certaines scènes physiques) sont un peu approximatifs. Leur jeu trop marqué pose une barrière à toute identification de leurs personnages et les deux réalisateurs n’ont rien fait pour améliorer cela. N’est pas Demy qui veut, lui seul savait transcender le futile, le factice, la sincérité, le drame en une source de fraicheur et de vie. Ici la mélopée des dialogues, l’habillage visuel assez hideux et une mise en scène sans réelle invention achèvent un film qui auraient pu, qui aurait du, être une œuvre indispensable. C’est hélas loin d’être le cas.
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le 1 mai 2016
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