There Will Be Blood est le film référence de Paul Thomas Anderson, celui qui l'a fait connaître du grand public en plus d'être adulé par la critique. C'est aussi un des plus grands rôles de Daniel Day-Lewis, pour lequel il obtiendra son 2e Oscar du meilleur acteur (sur trois). J'avais vu le film une première fois dans ma jeune carrière de cinéphile, et il m'était tombé des mains, purement et simplement. Mais après un deuxième visionnage plus de dix ans plus tard… et bah je le trouve toujours largement surcoté.
Commençons tout de même par les atouts, rapidement puisque c'est écrit dans n'importe quel article de Télérama sur le film. Un scénario détonant avec en toile de fond une lutte capitalisme contre foi, des acteurs au top (dont DDL, Oscar pas du tout injustifié), une mise en scène grandiose (l'incendie des puits de pétrole), une esthétique cohérente (beaucoup de sombre, de sang et de pétrole, de violence, de folie, de musique dissonante).
Ces qualités deviennent paradoxalement des gros défauts. Rien à redire sur le scénario, même si avec le recul, on voit que la religion n'a pas encore perdu le combat au XXIe siècle mais je vais éviter de faire du gros HS. Le jeu d'acteur tourne parfois au ridicule, et même quand il s'agit d'une scène forte (le prétendu baptême du pétrolier avec la réplique désormais culte "I abandoned my boy"), franchement c'est dur de pas se marrer. Le génie de la mise en scène côtoie lui aussi le ridicule. Rien que la très longue scène d'introduction : près de 15 minutes sans aucun dialogue, sans même aucune parole, c'est très long - et c'est pas le seul moment soporifique du film, qui confond allégrement contemplation et ennui. L'esthétique, principalement la musique, reste le défaut majeur. La seule chose qui reste en mémoire après le film, ce sont ces dissonances absolument insupportables. La musique, c'est un élément très subtil pour un film : il faut évidemment appuyer les sentiments et le propos, sans en faire des tonnes pour laisser tous les autres éléments entrer en alchimie. Je comprends que la dissonance appuie la dimension de la folie des personnages, qui est partout et exponentielle, jusqu'à la scène de rage finale, mais là c'est vraiment à l'américaine : on y va comme des gros bourrins. Et c'est vraiment désagréable. Le pétrole c'est vraiment de la merde en fin de compte, même dans l'art.