I am a false prophet, and God is a superstition
Des cordes stridentes émanent du noir. Elles montent crescendo jusqu'à la vue de l'immensité du paysage de l'Ouest américain.
En dessous, un homme creuse dans les entrailles de la terre. Les impacts réguliers de sa pioche contre la roche créent un rythme métallique et mécanique. Ses efforts ne seront pas vains, il finit par trouver sa récompense. Son regard se lève, une lumière bleue éclaire son visage.
Il remonte à la surface. le vent souffle et l'homme boit pour se réchauffer. Le tonnerre gronde.
L'homme retourne en bas et fait exploser la surface rocheuse à l'aide de dynamite. Il ne parvient pas à faire remonter les outils qui l'avaient jusque là aidé. Il tente de redescendre mais cette fois c'est la chute.
L'homme souffre, allongé par terre. Il peine à se relever et est contraint de se se déplacer sur le dos, tel un serpent blessé.
Les cordes stridentes retentissent de nouveau, et le paysage de l'Ouest américain réapparaît, surplombant toujours le décor.
Plusieurs années plus tard, l'homme a installé une station de forage à ce même endroit. Il lève victorieusement sa main enduite d'or noir vers le ciel. Un père étale délicatement de cette substance sacrée sur le front de son enfant.
Mais la nature reprend une nouvelle fois le dessus. Une poulie craque, les seaux tombent dans le puits et le père ne survit pas. Daniel Plainview, l'homme du début, à l'origine de tout, va recueillir l'enfant.
Après cette longue introduction oppressante et sans dialogues, la situation est posée. La volonté de puissance de Daniel Plainview ne pourra être sans conséquences pour lui et son entourage. Il est parti de rien et a laissé de la sueur et du sang afin de bâtir un empire de l'or noir. Il amène la civilisation dans un immense espace rocailleux, où demeurait seulement le ranch de la famille Sunday.
Le fils ainé de cette famille, Eli Sunday s'auto-proclame prophète et rassemblera ainsi la communauté chrétienne autour de lui.
Face à lui, Daniel promet richesse et prospérité et devient ainsi prophète libéral et moderne. Néanmoins sa seule envie est de s'enrichir afin de se libérer de cette société qu'il méprise. Il n'a ni véritable famille ni véritables amis : il se convaincra que son fils adopté lui permettait d'ajouter une touche d'humanité et de tendresse à ses affaires. L'Autre n'est qu'un moyen pour lui de parvenir à ses fins personnelles, c'est à dire vivre comme le début du film l'a présenté : dans la solitude.
Et tant pis pour les faux prophètes qui essaieront vainement de lui faire aimer son prochain comme lui-même.