Quand on écrit la critique d’un film qui traite des personnes queer mais à la sauce woke, comme c’est la plupart du temps de mise en ce moment dans le divertissement dit inclusif, et qu’il ajoute à également à sa trame la question des camps de conversion pour lesdites personnes il faut prendre des pincettes. Désormais, en effet on marche sur des œufs avec nos nouvelles sociétés où on ne peut plus rien dire et où chaque mot, chaque déclaration et chaque prise de position est scrutée et prompte au débat. « They/Them » fait partie de ces œuvres. Et pourtant ce n’est qu’une série B inoffensive mais les modes actuelles (la culture du politiquement correct excessive entre autres) invitent à la prudence.
Le film part d’un postulat hautement risqué mais simple et on s’étonne que personne n’y ait pensé avant : il s’agit tout simplement de réaliser un slasher (ces films où un tueur masqué zigouille des jeunes ados) mais avec des personnages queer. Excellente idée qui n’aurait été qu’un gimmick si ledit slasher ne prenait pas place dans ce contexte si particulier. Des structures où des fanatique et autres réactionnaires pensent pouvoir envoyer leur progéniture pour qu’elle « guérisse » de leurs penchants sexuels. Toute personne sensée sait bien que c’est l’apanage d’une certaine Amérique ou d’endroits ruraux avec dérives religieuses en option. Et ce petit film, certes sans grande ambition mais avec des sujets qui en demandent, d’enchaîner les bonnes prises de position et idées avec d’autres très mauvaises, rendant le tout très bancal.
Le souci principal du script est d’aller chercher toutes les possibilités de sexualités et de genres possibles concernant les personnages. On dirait un catalogue LGBTQ+ et leur écriture se résume à deux, voire trois, traits de caractère mais certains acteurs défendent correctement le peu qu’ils ont à jouer. L’autre problème est aussi d’éviter toute polémique sur ce sujet pourtant essentiel et propice à débat, en faisant des adultes qui tiennent le camp de parfaits hypocrites puisque tous plus ou moins bi, gays ou autres en plus d’avoir des tendances sociopathes. C’est de la facilité et surtout ce n’est pas très crédible écrit de la sorte. Le discours est forcément martelé à la truelle et pour qui n’est pas fan de la propagande woke actuelle et de ces nouvelles « modes » et théories apparues récemment, cela risque de sembler ridicule ou, pire, de les maintenir encore plus dans leur incompréhension. En cela, « They/Them » n’est guère adroit et se prend les pieds dans le tapis. En voulant faire une petite série B amusante mais en prenant des sujets de société hautement abrasifs, l’équipe en place se tire une balle dans le pied.
Si l’on ne parle que de cinéma, la mise en place est plutôt de bon aloi et le discours d’accueil de Kevin Bacon aux jeunes pensionnaires laisse augurer du meilleur. Mais petit à petit le film se traîne et le milieu de bobine recèle digressions et fautes de goût qui font dangereusement pencher « They/Them » vers le Z. Que penser de ce dortoir se transformant en comédie musicale gay alors que l’instant d’après, le réalisateur tente d’instaurer frissons et tension? Ou encore de ces ébats au coucher de soleil entre certains personnages dignes d’un roman à l’eau de rose? Mais aussi se demander pourquoi être si timide dans les meurtres et les effusions de sang, tous quasiment consignés le dernier quart d’heure alors qu’on est sur le terrain sanglant du slasher? Des fautes de goût et des ruptures de ton étranges qui handicapent le film qui se relève in fine lors du dernier acte avec la révélation du tueur et de ses motivations. Cependant, le mal est fait : voilà des personnages peu communs dans ce type de film (ce qui est bienvenu) que l’on plonge dans un sous-genre mythique mais dont les enjeux politiques et sociétaux sont très mal amenés.
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