Pour l'amour d'un père et de ses deux fils



  • Pourquoi as-tu fait cela ?

  • Pour prouver à père que je ne suis pas un fils indigne. À son réveil, il verra que je lui ai sauvé la vie. J'aurais enfin détruit cette race de monstre et je serai le légitime héritier du trône.

  • Tu ne peux anéantir toute une espèce !

  • Pourquoi donc ?... Et d'où vient cette récente passion pour les géants des glaces ? Toi, qui aurais pu à mains nues tous les massacrer.

  • J'ai changé.

  • Tout comme moi. Affronte moi... Jamais je n'ai voulu le trône ! J'ai seulement voulu devenir ton égal.

  • Jamais je ne t'affronterai mon frère !

  • Je ne suis pas ton frère. Je ne l'ai jamais été.

  • Loki c'est de la folie.

  • De la folie... C'est ça ?... C'est ça !




J'aurais pu réussir père. J'aurais pu réussir ! Pour vous. Pour nous tous !



Thor réalisé par Kenneth Branagh est le quatrième long-métrage de la phase une à prendre forme au sein de l'univers cinématographique du Marvel Cinematic Universe. Adapté d'un personnage créé par Stan Lee, Larry Lieber et Jack Kirby sur une histoire écrite par J. Michael Straczynski et Mark Protosevich, les scénaristes Ashley Miller, Zack Stentz et Don Payne présente une fresque nordique épique qui raconte le périple du Dieu Thor (Chris Hemsworth). Un guerrier divin venu du domaine des Ases : « Asgard », qui se prépare à hériter du trône et succéder au roi des Dieux : "Odin" (Anthony Hopkins). En soif de guerre, Thor va à l'encontre des ordres du roi des Dieux après une tentative de meurtre sur "Laufey" (Colm Feore), roi des Géants des glaces du royaume de Jötunheim, appartenant à l'un des neuf mondes. Un trouble à la paix punie par Odin qui déshérite Thor tout en lui privant de ses pouvoirs divins ainsi que de son fameux marteau "Mjöllnir", pour mieux l'exiler sur Midgard (Terre). Une ultime épreuve pour Thor qui en tant qu'humain va devoir apprendre l'humilité au côté de l'astrophysicienne Jane Foster (Natalie Portman). En parallèle, le Dieu de la malice "Loki" (Tom Hiddleston), essaye de stopper la tentative de rédemption de son frère Thor afin de devenir le nouvel héritier du trône d'Asgard. Un périple au contenu épique qui introduit l'univers Marvel dans un univers de grande ampleur qui se développe à une échelle hors de portée de la Terre avec la mythologie scandinave. Un récit au potentiel conséquent qui ferait le bonheur de n'importe quel cinéaste en soif de création et d'imagination. Une tâche à laquelle Branagh répond avec plus ou moins de réussite.


Sur des décors savamment exploités par Bo Welch, on découvre sous la superbe photographie d'Haris Zambarloukos les richesses du royaume d'Asgard. Entre la représentation d'Yggdrasil, la Halle d'Odin, le pont du Bifrost et le royaume hivernal de Jötunheim, on se régale. Dès la scène d'ouverture on est plongé dans une fresque grandiose qui nous conte la Grande Guerre de 965 à Tønsberg en Norvège entre Asgard et Jötunheim. Une introduction qui donne le ton. S'ensuit une confrontation homérique entre Thor accompagné de Loki ainsi que de ses frères d'armes Sif (Jaimie Alexander), Volstagg (Ray Stevenson), Hogun (Tadanobu Asano) et Fandral (Joshua Dallas), contre les géants des glaces. À ce moment-là, on pense être devant un spectacle extraordinaire s'avérant être là meilleure pièce du MCU. Puis, Thor est banni sur Terre et tout devient d'une décevante banalité et d'une regrettable pauvreté. La mise en scène de Kenneth Branagh devient transparente. Les environnements incroyables d'Asgard sont remplacés par les décors désertiques de Puente Antiguo au Nouveau-Mexique. Les superbes costumes asgardiens d'Alexandra Byrne et Warren Manser tombent dans le commun. Les actions spectaculaires deviennent fades. Même la confrontation contre le "Destructeur" (un ennemi récurrent des comics) se contente du strict minimum. Il faudra attendre la toute fin pour retrouver le contexte épique du périple, à travers une confrontation finale d'une portée dramatique haletante qui aurait mérité un affrontement davantage impressionnant. Un constat d'insignifiance regrettable sur un film qui aurait dû rester épique de bout en bout, et ne pas céder à la facilité d'une partie terrienne inconséquente accompagnée par des personnages qui prennent le tout avec beaucoup trop de légèreté. Seul la composition musicale de Patrick Doyle s'avère constante du début à la fin, c'est-à-dire : "sympathique mais oubliable".



Quiconque possédera ce marteau, s’il s’en trouve digne recevra le pouvoir de Thor.



Thor reste une aventure agréable à regarder qu'il faut voir avant tout comme un divertissement d'humour et d'action fantastique, et non comme une grande fresque épique (bien que c'est ce qu'il laissait entrevoir durant la première partie du récit). Un spectacle ayant la réussite d'ancrer le spectateur dans une Asgard grandiloquente incroyable pour mieux la relier avec crédibilité à notre réalité bien plus terne. L'histoire avance sur un bon rythme qui ne s'entiche d'aucun élément superflu ce qui permet d'aller droit à l'essentiel. Une entrée en matière aboutie pour son aspect sensationnel imaginaire provenant de son apport mythologique, qui va incorporer des éléments provenant d'autres personnages de l'univers du MCU. En parallèle, se greffe une construction dramatique étonnamment réfléchi, mature, traumatique et intelligente autour de la relation familiale. Plus précisément : "père-fils". Odin est l'élément primordial ayant fait de Thor l'être orgueilleux enfant gâté qu'il est en focalisant toute sa succession, ses espoirs et son attention autour de celui-ci. À côté de cela, il est responsable du comportement malicieux de Loki, qui toute sa vie a dû lutter contre un sentiment de rejet avec un frère attirant toutes les attentions d'Asgard, au point de faire de celui-ci son ombre. Un père pourtant aimant qui a essayé d'être présent à chaque moment clé de la vie de ses fils en offrant la transmission du nom, des ancêtres et des racines. Une image masculine forte servant de modèle pour ses fils qui essayent de se construire à son image. Seulement, les moments de partage étant avant tout d'ordre politique avec les responsabilités qui en découlent, le père délaisse l'essentiel. C'est-à-dire : l'amour, le rire et le respect de l’autre. Si bien, qu'il entraine inévitablement un manque et un déséquilibre pour les deux enfants. Thor qui en tant que fils prodigue veut marcher sur les traces de son père et reproduire ses succès pour ne pas le décevoir. Loki qui en tant que fils secondaire veut sortir de l'ombre de son frère et attirer l'attention de son père pour lui montrer qu'il existe et qu'il l'aime. Une tragédie dramatique familiale inespérée qui vient rehausser les faiblesses scénaristiques constatées.


Chris Hemsworth en tant que Thor offre un charisme nordique crédible conciliant avec suffisance la robustesse et le charme, demandé. Vaniteux, arrogant, insouciant et impulsif, l'inexpérience de Thor va le conduire à suivre un cheminement initiatique non pas sur la construction d'une image, d'un costume, d'un symbole, ou d'une puissance (qu'il possède déjà), mais sur l'imprégnation des valeurs essentielles de la vie. Une remise à jour des fondamentaux faisant de Thor une figure compatissante. Antony Hopkins en tant qu'Odin roi des Dieux, est excellent. Un souverain droit, dur et sage qui agit pour le mieux des neuf royaumes dont il a la charge. La relation qu'il entretient avec ses fils est passionnante à suivre. Natalie Portman pour Jane Foster n'est pas un personnage que je trouve intéressant à suivre, néanmoins elle joue un rôle primordial sur la reconstruction psychologique de Thor. À cette image, je lui préfère Stellan Skarsgard pour le Dr Erik Selvig qui m'amuse beaucoup. Darcy Lewis est un personnage inutile agaçant incarné par la plantureuse et magnifique Kat Dennings. Heimdall par Idris Elba est parfait. Il est même un peu flippant. Colm Feore pour Laufey, roi des géants des glaces est oubliable. On retrouve Clark Gregg en tant que Phil Coulson, agent du SHIELD, ainsi que Samuel L. Jackson pour Fury (durant la scène post générique). On découvre pour la première fois Jeremy Renner pour Hawkeye, dans une scène un peu facile. Sif, l'amie d'enfance de Thor par Jaimie Alexander, accompagnée des Trois Guerriers : Fandrall par Joshua Dallas, Hogun par Tadanobu Asano, et Volstagg par Ray Stevenson sont aussi sympathiques qu'oubliables. Rene Russo est toujours aussi géniale bien qu'on pourrait regretter un manque d'apparition de celle-ci en tant que Frigga, femme d'Odin, mère de Thor et de Loki. Enfin, le meilleur pour la fin avec Tom Hiddleston, qui sous les traits de Loki se présente comme un des meilleurs antagonistes du MCU. Une superbe représentation du comédien qui offre du relief à ce personnage traumatique qui depuis le départ n'a que faire du trône. Ce qu'il veut c'est juste être considéré par son père. Il en devient touchant. Hiddleston déborde de charisme et de sensibilité.



CONCLUSION :



Thor réalisé par Kenneth Branagh en tant que quatrième film de la phase une du Marvel Cinematic Universe se présente comme un périple ébouleux. Solide durant les phases situées sur Asgard avec des séquences épiques consacrées à la mythologie nordique. Friable durant les phases situées sur Terre avec des séquences insignifiantes sur lesquelles s'articulent beaucoup trop de légèreté. En découle une introduction à l'univers de Thor plus ou moins réussi dont on retient heureusement surtout le positif, grâce à une construction tragique dramatique familiale passionnante à suivre appuyée par un excellent casting.


C'est bien, mais ça aurait pu être tellement mieux !



Thor, fils d’Odin je t’accuse d’avoir trahi le commandement de ton roi, par ton arrogance et stupidité. Tu as livré ce paisible royaume et ces vies innocentes à l’horreur et à la désolation de la guerre. Tu es indigne de ces royaumes, tu es indigne de ton rang, indigne de la famille que tu viens de trahir. Je te retire ton pouvoir ! Au nom de mon père et de son père avant lui ! Moi Odin Père de toutes choses je te bannis !



Ma critique du film en duo sur la chaîne YouTube de Venom-31 : https://www.youtube.com/watch?v=TtNa69O8kLE&t=12s

B_Jérémy
7
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le 31 déc. 2022

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