Après avoir fait du personnage de Thor, l’un de ceux ayant le plus évolué au cours des derniers films Avengers, le moment est venu pour le dieu nordique de revenir sur le devant de la scène avec un nouveau film centré sur lui, et au passage faire régresser le personnage.
Issue de deux comics récent du scénariste Jason Aaron, tous les deux à l’origine d’un succès critique et commerciale, l’histoire de Love & Thunder partait sur d’excellentes bases. Pourtant Taiki Waititi ne s’en sert uniquement comme un prétexte pour développer de nouvelles blagues, pour au final proposer un film qui n’est que ca : plusieurs couches de gags, pas tous inspirés, enrobées d’une histoire simpliste, sans enjeu, prévisible, bien loin de la tragédie et de l’aspect épique de son support de base.
Et si l’humour a souvent été le moteur de film du Marvel Cinematic Universe (avec son lot de critiques parfois justifiées), jamais cela ne s’était autant ressenti dans un film, donnant l’impression que ce sont les blagues qui ont élaborées le scénario et ses péripéties au lieu de l’inverse. Cela se traduit ainsi par des scènes beaucoup trop longues, comme celle où Zeus passe 2 minutes à frimer, 2 minutes qui auraient pu servir à narrer quelque chose, comme développer ses personnages, son intrigue, ou son vilain, pour qu’il ne reste en mémoire pour autre chose que l’interprétation de Christian Bale, qui aura accepté le film pour faire plaisir à ses enfants. C’est d’ailleurs cela qui justifie la qualité déplorable du film : le film n’a plus le même public cible qu’avant, puisqu’ici, on se limitera d’un public jeunesse allant jusqu’à l’adolescence. Notons que le meilleur ressort comique provient du cri des deux chèvres du film, c’est dire le niveau.
Au niveau de la mise en scène, c’est malheureusement très pauvre. S’il y a une scène particulièrement inspirée, où les couleurs disparaissent, on peut regretter qu’en terme de couleur, celles-ci ne soient pas plus vives pour accentuer le propos du film. Une des rares scènes de fulgurance, malheureusement pas suffisamment nombreuses et exploitées pour en retirer quelque chose. C’est d’ailleurs dommage de constater le grand écart opéré entre Sam Raimi et la suite de Doctor Strange et ce film là, montrant le meilleur et le pire dans les choix du producteur pour choisir ses réalisateurs.
Au niveau des prestations, Chris Hemsworth s’amuse, mais ne parvient pas démontrer un talent d’acteur mis en avant dans le précédent Avengers. Natalie Portman reprend sans souci sa place dans son personnage et parvient à ajouter la gravité suffisamment nécessaire à son personnage, pour le peu de temps où elle est apparaît. Christian Bale est enfin ce qui sauve son personnage de tomber dans la fosse aux vilains Marvel oublié dès qu’ils ont été présentés. A voir si l'avenir confirmera cette prédiction.
Quelques clins d’oeils et caméos sont présents tout au long du film, mais ceux-ci n’ont que peu de valeur. Deux scènes post-génériques sont présentes dans le film. Saluons le message très fort de la seconde, qui, parvient à proposer plus de sens en 1 minutes que le reste du film n’a su faire en près de 2h.
Thor : Love & Thunder, c’est ce qu’il y a de pire dans Thor Ragnarok, mais démultiplié à l’excès, voire l’écœurement. Attendez une sortie en Blu-Ray ou surtout une disponibilité sur Disney + pour le regarder, tant le film n’apporte rien au développement de l’univers et ne vaut pas l’investissement d’une projection en salle.