Que l’écurie Marvel accuse de sérieux signes de fatigue n’est un secret pour personne : quand une formule tourne à vide, les tentatives de pas de côté peuvent s’avérer salutaires. On l’a vu avec l’incursion de la franche comédie dans Les Gardiens de la Galaxie, voire de la parodie ratée avec Deadpool : ça excite vaguement la curiosité, même si personne n’est dupe sur les ingrédients cachés, qui resteront les invariants du blockbuster.
Le cas Thor est plus intéressant sur ce sujet, parce qu’il fait intervenir le supposé renouveau au terme d’une trilogie, qui, fait rarissime, voit chaque volet améliorer les ignominies du précédent. Il faut reconnaitre que l’escalade commençait bien en deçà du niveau de la mer.
Donc, après des amourettes entre dieu celtique et terrienne, des histoires de fratrie hologrammiques, nous voici dans un épisode totalement décroché de la Terre, et, à vrai dire, d’à peu près tout, puisque c’est bien connu, la tabula rasa est vectrice d’un ouragan de renouveau tel un printemps cosmique. Plus de marteau, donc, et une position d’esclave pour notre athlète qui va pas pouvoir trop la ramener dans un monde dystopique alternant décharge et jeux d’arènes.
Quelques lignes éditoriales ne varient pas, comme ce recours à toute la palette chromatique de Photoshop, qui vous vomit des arc-en-ciel et des décors ressemblant aux tenues de toute la troupe de Johnny Clegg et Savuka (et des biceps bandés sur des armes lourdes. La joyeuse entreprise de destruction en forme de buddy movie reste une option raisonnable, permettant l’émergence d’un personnage féminin de walkirie pour obtenir quelques gages de parité. Hulk est totalement grotesque, ce qui est plutôt agréable et dans ses cordes, Dr Strange ne sert à rien, et enfonce le clou de toutes ces laborieuses tentatives d’arcs permettant de faire tenir toute la structure du MCU.
On a quand même bien mal à notre Cate Blanchett, qui même si elle semble bien s’amuser, porte bien moins les cornes que les oreilles d’elfe ou les chapeaux des 50’s.
Mais cette alliance de testostérone et de LSD n’est pas dénuée de charme pour qui aurait l’estomac bien accroché : voir toute cette galerie de personnages conscients de leur inanité et du ridicule de leur pose crée une forme de complicité avec un public propice au mépris le plus triste à l’égard de ces productions qui, avouons-le, le leur rendent bien.
Gardons espoir dans le cosmos : à ce rythme, Thor 6 sera un chef-d’œuvre. Mais à ce moment là, mes enfants seront probablement passés à Bergman. C'est ballot.