Comprendre complètement le travail de Hou Hsiao Hsien dans ce magnifique "Three Times" relève de l'exploit impossible pour le spectateur occidental non familier avec l'histoire de Taïwan : sur le principe que l'environnement politique détermine non seulement le destin mais aussi le comportement amoureux, chacune des trois parties propose une illustration plus ou moins directe de ce postulat. La plus claire, et également la plus belle, est la partie muette de 1911, dans laquelle la beauté radicale du cinéma rend superfétatoire l'analyse politique. La plus confuse, c'est-à-dire la partie moderne (2005), reste la plus frustrante pour le spectateur égaré dans un labyrinthe de "non communication" qui rappellera les grandes heures d'Antonioni, mais on aura confirmation dans les suppléments du DVD que Hou Hsiao Hsien établissait bel et bien un parallèle avec la confusion politique qui règne sur l'île suite aux dernières élection. On se consolera en admirant Shu Qi, stupéfiante de beauté et de grâce. [Critique écrite en 2006]