Je passe tout de suite la trame narrative, qui peut avoir un goût de déjà vu aujourd'hui. Ce n'est pas la force du film, bien qu'on puisse émettre quelques réserves sur ce point : il y a d'abord ce petit parfum charmant, très "ex-URSS à la mode art-déco", qui est étonnant. Et puis il y a tout simplement le contexte d'élaboration du film, qui date de1971.

1971 ! C'est là qu'on passe à l'autre face, la face lumineuse de l'ovni, son aspect visuel et esthétique. Quelle claque ! THX 1138 nous plonge avec force dans une désolation blanche, dans un grand purgatoire blanc, sorte de point ultime de l'enfer aseptisé, de la perfection morbide, de l'horreur divine. Ennuyeux? Fascinant plutôt. Car Lucas a eu une idée géniale : exploiter jusqu'au bout la force métaphorique et philosophique du blanc, qui est lumière mais non couleur, qui est à la couleur ce que le lisse est à la matière, un déni d'être, un déni de densité, un déni de liberté et de vie. Le blanc, symbolique parfaite d'une modernité poussée à son paroxysme : une technologie si parfaite qu'elle devient lisse, un rêve d'ergonomie tendant à la magie sinon la religion, enfin une négation de l'être pensant en perte progressive de repères. Et c'est jubilatoire tant Lucas fait un usage immodéré de lisse et de blanc, jetant sur les hommes une peur primaire aux relents d'hôpitaux, une peur d'effacement en même temps qu'une fascination hallucinée. C'est donc esthétiquement très réussi, et réalisé avec des moyens à mille lieues de ce que l'on peut faire aujourd'hui.

THX 1138 est donc un drôle d'objet cinématographique, un peu bipolaire, aussi avant-gardiste et fascinant qu'il peut sembler vieilli.
Zaul
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le 13 mai 2011

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Zaul

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