...Du moins, la peau de leur compagnon Jack le Costaud qui, des décennies après l'arrêt du dessin animé ayant fait les beaux jours du Disney Club en France dans les 90's (le p'tit RedArrow en était un fidèle spectateur), est la dernière victime d'une mystérieuse série de kidnappings touchant les anciennes vedettes de l'univers des toons. En conflit avec son complice écureuil dont les rêves de carrière solo ont mis abruptement un terme à leur période de gloire, Tic n'a pas d'autre choix que de renouer avec Tac pour tenter de retrouver leur ami...
"Ce n'est pas un reboot. C'est un come-back" des deux rongeurs nous annonce l'affiche. Et plutôt audacieux en son genre, en allant lorgner vers un "Qui veut la peau de Roger Rabbit ?" bis (explicitement cité), dans une resucée contemporaine du Toonville hollywoodien de Robert Zemeckis où des stars de dessins animés évoluent en harmonie avec les humains. "Tic & Tac, Les Rangers du risque" va même jusqu'à singer le concept méta de parodie de film noir de son illustre aîné pour l'appliquer à son duo comique d'écureuils, acteurs tombés en disgrâce depuis l'arrêt de leur show et désormais enquêteurs malgré eux dans les recoins les plus mal famés de ce monde gentiment délirant.
Tout est donc là pour nous offrir un come-back complètement inattendu des plus célèbres écureuils de Disney, voire d'en faire une réjouissante anomalie dans le tout-venant du recyclage des hits de la firme aux grandes oreilles !
Techniquement plutôt convaincant en parvenant à faire vivre sur le même plan des protagonistes en "2D", en 3D et humains dans des décors réels, bourré de jolies idées pour exprimer de façon cartoonesque les facettes les moins reluisantes d'Hollywood (des comportements toxicomanes causés par une addiction aux fromages forts notamment) et agrémenté d'amusants clins d'oeil à l'animation US de ses trente dernières années et bien plus (si, entre autres, vous vous demandiez ce qu'est devenu la première version affreuse de Sonic en live-action rejetée en masse par Internet, c'est par là que ça se passe), "Tic & Tac, Les Rangers du risque" nous fait bel et bien miroiter la possibilité que ses belles ambitions affichées se concrétisent pour, si ce n'est l'égaler, au moins marcher dans les plates-bandes qualitatives de son modèle "Roger Rabbit". On est même d'ailleurs très surpris lorsque, sous couvert des agissements de ses vilains, le film semble carrément s'attaquer à la contrefaçon d'oeuvres originales à des fins mercantiles au sein de ce qui ressemble fortement à un trafic d'êtres humains très glauque...mais avec des toons (vraiment étonnant que Disney ait laissé passer un truc pareil) !
Cependant, parfois, les plus belles noisettes ont beau être alignées pour un festin d'écureuil, cela n'empêche nullement un ver de s'y glisser dans le but de pourrir l'ensemble. En l'occurence, le ver de "Tic & Tac, les Rangers du risque" va clairement être celui de la paresse qui va s'emparer de lui sur la durée pour le transformer en spectacle aussi oubliable qu'inoffensif.
Du côté de l'intrigue, dès que les motivations des antagonistes sont dévoilées, le long-métrage paraîtra finalement avoir abattu toutes ses cartes les plus acerbes et ne saura tout simplement plus trop quoi proposer derrière, sinon une mécanique de divertissement très lambda, aux rebondissements poussifs, où seule la flamme nostalgique que l'on a pour les fameux Rangers du risque parviendra à rester allumée au milieu hélas de l'extinction de celles de ses promesses les plus audacieuses. Le film n'arrivera même pas à se rattraper du côté de son festival de références & apparitions faute d'une écriture ou d'une mise en scène ne semblant jamais avoir l'intelligence ou la folie pour les exploiter à leur pleine mesure. Quelques sourires plus heureux ainsi que de lointains souvenirs d'enfance ravivés nous accompagneront jusqu'à la fin de l'aventure mais la déception sera bien présente au vu de ce que le film nous avait laissé entrevoir.
"Tic & Tac, les Rangers du risque: le film" sera donc malheureusement passé à côté du potentiel original de son approche, n'en exploitant que des bribes aguichantes avant de sombrer avec une fainéantise manifeste dans le moule d'une aventure bien plus conventionnelle, qui n'aura plus eu que pour elle la nostalgie autour de ses deux rongeurs revenus des années 90. Roger Rabbit peut dormir tranquillement dans son terrier, aucun écureuil aussi sympathique soit-il ne viendra l'en déloger.