Je me dois de faire un jeu des 7 différences avec La La Land pour ce film, dernier de ma course aux Oscars, qui cette année m'aura laissé sur ma faim.
Je dois également avouer une admiration particulière pour Andrew Garfield, presque à la hauteur de celle que j'avais pour le Gosling d'il y à 4 ans. Mais avec si peu de temps d'écart un nouveau film musical sur les mêmes thèmes me laissait sur la défensive : qu'est ce que Tick Tick... Boom! peut-il raconter de nouveau par rapport à son aîné qui est dans mon top 3 des meilleurs films ?
Et bien la réponse est pas grand chose. Et ce n'est pas grave.
On a une inversion du rapport Amour/Réalisation : les sacrifices exigés par la réalisation de soi passent après ladite réalisation et de la libération du génie créatif. L'amour d'une vie, qui était dans La La Land le moteur et le centre de l'histoire, est moins romancé, quitte à passer en arrière plan.
La souffrance du personnage principal qui sent sa moitié s'éloigner de lui est palpable mais balayée par sa détermination créative et le besoin de reconnaissance de son génie.
En des termes encore plus simplistes, il manque à Tick Tick Boom! la fin douce amère de La La Land qui en faisait un chef d'oeuvre.
Mais en changeant d'angle de vue sur son thème, le film surprend en développant de façon plus manichéenne le sujet de la recherche de la gloire, prenant l'axe de la détermination. Si on continue de comparer les deux films, alors qu'à la fin du troisième acte de La La Land les personnages sont séparés par leur succès respectifs, la représentation de Tick Tick Boom est un échec professionnel et personnel pour le personnage de Garfield : l'absence de succès est couplée à la séparation, mais rien n'est grave car le génie est en marche.
Pour autant, si le métrage est moins amer que son aîné et résolument plus premier degré, c'est grâce à une pirouette bien amenée : mêler l'histoire à l'avènement du Sida. En convoquant la seule vraie limite de la création, le spectre de la mort, Tick Tick Boom! justifie son titre et fait exploser le rapport Amour/Réalisation, tout deux dépassés par la lente euthanasie qu'est le temps qui passe.
En une seconde, alors que La La Land refermait les portes de sa boite de Jazz sur un Ryan Gosling mélancolique et tourné sur le passé, Tick Tick Boom nous expulse dans le froid de l'hiver New Yorkais dans un dernier sourire d'Andrew Garfield, regardant le ciel et l'avenir.
Quelle énergie !