‘Ticket to Paradise’ est d’une prévisibilité confondante et ne doit son petit charme qu’au duo Clooney-Roberts. Tout le reste est assez paresseux, excessivement sentimental et l’Indonésie est filmée comme une carte postale. Pour ce qui est de l’originalité et de l’inventivité, RAS.
Deux parents divorcés, David et Georgia, se rendent à Bali après avoir appris que leur fille, Lily, envisage d'épouser un homme nommé Gede, qu'elle vient de rencontrer. Ils décident de travailler ensemble pour saboter le mariage afin d'empêcher Lily de commettre la même erreur qu'il y a vingt-cinq ans.
Le début pétarade avec un certain rythme. Il s’agit d’un montage alternant deux séquences : l’une dans laquelle David dénigre son ex-femme tout en s’arrangeant pour se montrer sous la meilleure lumière, l’autre dans laquelle Georgia critique son mari. Une séquence en alternance, sans originalité tant sur le fond que sur la forme, qui est à l’image du film. Le film ne se départit pas de la vision clichetonneuse des rapports hommes-femmes. L’homme est immature et est un éternel adolescent en quête de sa jeunesse perdue, la femme est celle qui a sacrifiée sa vie et sa carrière pour son mec. Quand, en plus, cet homme et cette femme ont divorcé, les clichés sont décuplés puisqu’interviennent tous les lieux-communs sur le couple qui ne s’aime plus, entre hystérie et envie de revanche.
Je dois avouer que j’ai ri pendant la première partie du film et par intermittence pendant la seconde. Et je n’étais pas le seul dans la salle. Cela est principalement du aux comédiens qui semblent se donner la réplique avec un vrai bonheur. Ce couple n’est pas sans rappeler dans l’idée les couples que l’on pouvait voir dans les Screwball Comédies américaines des années 40. Georges Clooney fait d’ailleurs penser à Cary Grant par instants. Il en a le charme, l’élégance, le flegme. Hélas, ‘Tickets to Paradise’ n’a pas la folie, la vivacité.
Surtout, le scénario ne tient pas ses promesses jusqu’au bout. Car après une bonne demi-heure de méchanceté, de sournoiserie, les bons sentiments envahissent l’histoire. Les parents indignes, insupportables deviennent sensibles et émouvants. Le gendre est évidemment idéal, parfait et il est à gifler. Il est dommage que le scénario ne l’égratigne pas un peu. Cela aurait sans doute donné de bons gags.
Bali et l’Indonésie est filmée comme un prospectus d’une agence touristique de Djakarta avec ces plages, ces lagunes, ces temples et cette mer bleu turquoise. Un soleil de plomb alterne avec une pluie diluvienne. On est vraiment dans l’imaginaire le plus pauvre auquel peut penser Hollywood. Evidemment, le film nous égrène toutes les traditions locales d’un mariage à l’indonésienne. Le film met les bouchées doubles en matière de pittoresque. On a droit à tout : la cérémonie des échanges d’alliance, le limage des gencives etc. Tout ça est assez navrant.
L’ensemble est plaisant, sans surprise et assez atone. Les acteurs ont du charme, de la répartie mais pas suffisamment pour faire face à la quasi-nullité et la prévisibilité du scénario écrit à la va-comme-je-te-pousse. Malgré des seconds rôles amusants comme la voisine de l’avion ou le petit ami français, on aurait clairement pu rire davantage.