Là ou gisent les épaves des rêves et des espoirs
Lorsqu'il était encore jeune Terry Gilliam fit un film qui s'appelait Brazil. Dans ce film, il nous déclarait déjà qu'il ne croyait plus vraiment en l'homme et sans doute encore moins en la société qu'il a créé, mais il nous laissait cette petite lueur d'espoir...les rêves. On pouvait encore croire aux rêves, s'y enfuir, s'y enfouir pour trouver la beauté, la joie, l'amour et même un peu d'espoir. On pouvait revêtir nos rêves comme on passe une camisole pour être un fou oubliant la folie de la norme.
C'est un Gilliam vieilli qui réalise Tideland. Les rêves s'y sont obscurcit au point qu'on ne sache plus les distinguer des cauchemars. Les rêves sont empaillés pour éviter qu'on les enterre et qu'ils disparaissent à jamais, coquilles vides, comme le père junkie contre lequel Jeliza-Rose se blotti pour trouver un peu de chaleur. Tout au fond de cet océan de noirceur nage cette petite fille dont le regard pur est peut-être encore le seul à même de voir un peu de beauté dans la carcasse broyée d'un train en flamme et dans les épaves de la joie, de l'amour, des rêves et de l'espoir.