Nous voici en présence d'un hard-boiled movie bien vénère. Ça commence sec avec un déchaînement de gunfights où il est parfois difficile de distinguer flics et badguys (le thème principal du film, classique mais démontré de manière ultra efficace) au sein d'un vaste trafic de drogues. Et si ça se calme un peu par la suite, c'est pour mieux définir les relations et préparer l'impact émotionnel de plusieurs pertes qui feront bien mal (la première en plus est bien débile dans la manière dont elle se déroule). Et c'est bien cet équilibre tendu entre séquences d'action qui livrent la marchandise et séquences plus légères où on apprend à connaître les personnages permettant ainsi de s'y attacher (ils font des petits jeux bien marrants au début) qui définit cet opus.
Alors oui, c'est du déjà vu à tous les niveaux (encore qu'à l'époque le genre était encore assez récent et restait donc à définir, deux années seulement le séparant de la référence en la matière, Syndicat du crime), mais on retiendra surtout la sincérité, la générosité, et le direct in your face de l'entreprise. Ici, pas de chichi, chacun(e) est une victime et/ou traître potentiel, et généralement, ils ne nous quittent pas sans une séquence dantesque à nous mettre dans les dents. Côté casting, ça assure avec plein de têtes connues, comme par exemple Simon Yam qui avait déjà bien la classe avec son brushing impeccable, un Donnie Yen tout jeune qui s'il n'a pas encore le charisme qu'il aura par la suite, impressionne déjà par sa facilité à aligner les coups avec maestria et fureur, et enfin un acteur récurrent des comédies avec Stephen Chow, Ng Man‑tat, épatant dans un rôle tout sérieux. Les présences féminines font aussi plaisir, mimi comme tout, surtout Carol Cheng qui sait aussi lever la patte quand il faut (je regrette juste que son affrontement féminin tourne si court).
Bref, Tiger Cage est dans le haut du panier du genre par son rythme d'enfer, des ruptures de ton propres au cinoche HK que l'on aime tant (et des rebondissements qu'on n'attendait pas forcément au tournant), et son casting en béton (bon, les américains tiennent encore le rôle fonctionnel de gros méchants ne faisant pas dans la dentelle, mais ils le font bien, donc pas de soucis) aussi généreux dans la castagne que dans l'émotion impactée.