La guerre avant la guerre.

Disparu en 2020, Joel Schumacher a constamment été ramené à la catastrophe industrielle Batman & Robin alors que c'est vraiment l'arbre qui cache la forêt. Je ne dis pas que tout est à voir dans son œuvre, mais il a quand même trois belles réussites à son actif ; Chute libre, Phone Game, et ce film-là, Tigerland.

Au début des années 1970, alors que la guerre du Vietnam fait rage, on suit des jeunes recrues dans un camp d'entrainement aux Etats-Unis surnommé Tigerland, et à côté, la formation dans Full Metal Jacket a l'air d'être une promenade de santé. Il faut se souvenir qu'à l'époque, le film n'a eu aucun succès au box-office, mais il a eu des critiques dithyrambiques à propos de la crudité du style. Joel Schumacher, fasciné par le Dogme 95, avait choisi de faire son tournage entièrement caméra à l'épaule, une image fortement granuleuse, avec peu ou pas de lumière (avec pourtant un directeur photo comme Matthew Libatique), très peu de musique, pour quelque chose qui voulait se rapprocher de la réalité, des corps des recrues qui sont mis à l'épreuve.

Je n'avais pas revu le film depuis le début des années 2000, et si le casting était composé alors d'inconnus, l'un d'entre eux se détache très nettement ; la forte tête incarnée par Colin Farrell, qui va être celui qui va remporter tous les suffrages, et avoir une carrière importante, car il faut avouer que là, il est impressionnant. Il avait 23 ans, semblait se donner corps et âme dans son rôle avec plusieurs scènes semble-t-il improvisées et oui, il était formidable. La suite de sa carrière va avoir des haut et des bas, mais c'est une présence.
Le film montre bien l'enfer que sont ces entrainements, l'apprentissage des tirs, les corvées, les pas de course, jusqu'à la simulation dans les bayous de ce camp qui donne l'impression d'être au Vietnam avec des soldats équipés d'armes chargées à blanc.

Je garde le même avis qu'à l'époque, et plus encore au vu de la carrière globale du réalisateur en disant que c'est une de ses grandes réussites, et il est dommage qu'en parlant de films de guerre, Tigerland soit peu évoqué.