En fait, ça devrait s'appeler "La nasse", au lieu de porter le nom de ce bout de bayou où les appelés s'entrainaient à crever de chaud et à degueulasser leurs uniformes une semaine avant de partir au Vietnam, comme avant-goût de ce qui les attendait là-bas. Et du coup, ça ne désignerait plus un pauvre bout de terrain qui n'a rien demandé à personne mais bien ces systèmes absurdes, contraignants et mortifères dont notre espèce accouche à intervalles réguliers, histoire de pimenter un peu une existence qui, sinon, risquerait le bonheur, ou du moins la tranquillité. Suivons donc une poignée de jeunes types truffés de testostérone dans leur entrainement éreintant, qui les fait râler mais leur donne aussi l'occasion de rouler les mécaniques auprès de nénettes sans prénom ni vêtements durant leurs rares permissions. Regardons-les se rouler par terre, astiquer leurs armes ou se faire humilier par des supérieurs généreux du postillon, voire tabasser par des coreligionnaires psychotiques ou racistes ou les deux à la fois, avant d'aller au choix se faire dézinguer par Charlie ou cramer les villages de Charlie en massacrant au passage quelques gamins pour se déstresser. Et observons aussi l'impasse que l'armée représente pour tout cd petit monde, et en particulier pour cet électron libre qui tente d'y conserver son identité et son humanité, l'inconscient. Une nasse, donc, la démonstration brille par sa clarté. Mais il faut n'avoir pas encore atteint le seuil d'indigestion de ce genre de Full Metal Jacket qui baigne dans l'amertume.