Tigre et Dragon aura été le chaînon manquant entre l'Asie et le nouveau monde en ce début de millénaire, le film qui fit vraiment découvrir le Wu Xia Pian malgré la richesse et le génie que l'on pouvait trouver à Hong Kong depuis bien des années.
J'ai d'abord été surpris par l'oeuvre, Ang Lee apportant ici un aspect romantique et surtout une certaine recherche dans la psychologie des personnages, ce qui pourrait être le bienvenu mais qui apporte tout de même quelques longueurs et une succession de dialogues parfois inutiles. Finalement, les combats ne sont pas légion, on a parfois l'impression qu'ils sont juste-là pour faire le lien entre deux séquences bavardes.
S'ils ne sont guère nombreux, ils sont pourtant brillants, avec des chorégraphies signées Yuen Woo-ping parfois impressionnantes, aériennes et de toute beauté. Dommage donc qu'elles soient perdues au cœur d'un récit rarement transcendant, manquant d'émotion, à l'image des flash-back de milieu de film, malgré des thématiques plutôt intéressantes, comme lorsqu'Ang Lee aborde la liberté, que ce soit dans une société ou au sein de sa propre famille, ou encore la place des femmes, ici au premier plan, dans une société d'Homme.
Tout cela laisse clairement des regrets car Ang Lee démontre tout de même une certaine maîtrise derrière la caméra, avec un aspect poétique dans l'ambiance donnant quelques beaux moments. On peut aussi apprécier l'utilisation de la très jolie bande-originale avec quelques notes mémorables de violons, ainsi que les comédiens, sachant allier force et savoir, à commencer par la jolie Michelle Yeoh, ainsi qu'un très bon Chow Yun-fat.
Ang Lee popularise avec Tigre et Dragon le Wu Xia Pian dans l'occident tout en lui rendant hommage, proposant une oeuvre intéressante par son fond, avec quelques moments mémorables, mais qui pêche dans l'exploitation du scénario et les émotions.