Il est hors de question de remettre en cause la sincérité et l'engagement profond de Jean-Charles Hue, en tant que cinéaste, avec une filmographie où étincelle l'électrique Mange tes morts. Tijuana Bible a un côté documentaire qui a sa valeur mais force est de constater que la fiction peine à convaincre, l'atmosphère délétère et sordide étant privilégiée au détriment d'une histoire qui a des côtés artificiels patents. Ne serait-ce que du côté des personnages avec l'ancien Marine, maigre comme un clou rouillé et drogué jusqu'à la moelle; et la jeune mexicaine à la recherche de son frère. Cela sent fortement le réchauffé avec rédemption à la clé pour le premier et décillement pour l'autre, dans son rapport avec la réalité. L'on ne s'empêcher, en outre, de penser que la vision de la ville-frontière de l'enfer, a quelque chose de peu mexicain, d'américain, si l'on veut, voire d'européen. J-C Hue a parfaitement le droit de nous montrer sa propre version de la vie ç Tijuana, qui plus étayée par de nombreux séjours dans la cité mexicaine, mais elle a pour principale conséquence de nous mettre dans la condition de voyeurs de la misère et de la violence humaines, sans filtre, mais surtout sans construire une narration qui s'élèverait au-delà d'un certain nombre de lieux qui deviennent communs -ou de quasi poncifs, si l'on préfère). De cette "aventure" mystico-hallucinée", on ne retient finalement que des images qui correspondent à ce que l'on attendait, peu ou prou. D'un tel cinéaste, on attendait bien plus et surtout mieux.