Lorsque l’on regarde Timbuktu, notamment en ce moment, il reste un sentiment étrange après le visionnage car il semble résonner très fortement. Dénonçant le Djihadisme grandissant au Mali, dans un petit village rapidement pris d’assaut par une idéologie sans concessions, le film d’Abderrahmane Sissako est un joli pied de nez envers ces hommes qui imposent des lois qu’ils ne semblent pas comprendre.
De manière progressive, sans pour autant être violente à l’image, l’idéologie s’immisce dans cet univers à la base calme et sans véritable heurts. Les interdictions deviennent de plus en plus présentes, la garde s’intensifie et les punitions iront de même, partant du fouet jusqu’à la lapidation puis l’exécution pure et simple. Mais c’est surtout dans le calme que le film déstabilise, dans le fait que cette violence est sans cesse contrebalancée par une recherche de simplicité, comme lorsqu’un djihadiste danse seul tandis qu’en parallèle un couple se fait massacrer pour avoir joué de la musique en soirée. La violence arrive toujours par surprise, presque naturellement, en véritable critique d’une idéologie qui remplace peu à peu la pensée logique. Mais à côté de toutes ces intelligentes analogies et métaphores, le film reste finalement assez commun et se laisse aller à une intrigue trop formelle, qui empêche finalement le propos initial d’aller plus loin.
C’est après réflexion que l’on se rend compte que loin de ce message de paix, Timbuktu n’est pas assez percutant pour réellement rester en mémoire. On retiendra principalement sa démarche de ridiculiser les radicaux (des anti-capitalistes utilisant des iPhones et parlant de Lionel Messi) avec intelligence mais pas son message en général qui se retrouve enfermé derrière le décor africain. Comme Léviathan, celui-ci ne va pas au bout de ses idées, approche son sujet mais ne le décortique pas. Mais il reste majeur à notre époque, et permet la réflexion dans une époque ou la démagogie s’impose trop facilement.