Quand j'ai vu le nom du réalisateur avant de voir ce film, je dois l'avouer, j'ai bandé. Mais une fois l'oeuvre consommée, je ne peux que rester consterné par tant de gâchis dont découle une idée à la fois tellement géniale de par sa simplicité et son universalité, qu'il est étonnant que personne n'y ai jamais pensé avant.

Andrew Niccol nous accouche ici d'un film de Science-Fiction dystopique à anticipation. Le problème, c'est qu'il le fait d'une manière tellement maladroite, mélangeant les torchons et les serviettes durant tout son film, qu'on ne peut sentir après visionnage qu'un profond sentiment d'un frustration. Ce qui aurait pu être un hypothétique chef d'oeuvre n'est en fait qu'un honteux matraquage d'une métaphore ultra mainstream entremêlé de courses poursuites pour reposer le cerveau du public d'attardés qui est ciblé par le film.

Le réalisateur ne perd pas de temps, et dès les premières secondes de son film nous introduit les principales caractéristiques de sa dystopie : un monde où tous les êtres humains arrêtent de vieillir à 25 ans, et où à partir de cet âge, l'individu débloque un compteur (crédité pour tout le monde d'une année de vie) qui est à la fois le temps qui lui reste à vivre son compte en banque. Le compteur une fois à 0 est donc synonyme de mort définitive. Pour continuer à vivre, l'homme n'a pas le choix, il faut travailler, gagner du temps, qui est à la fois de l'argent, puisque tout s'achète et se vend avec cette nouvelle monnaie universelle indispensable à tous. De ce fait, on arrive à des situations stressantes où il ne reste que quelques minutes à vivres aux personnes à l'écran. Si la première fois ça marche assez bien, le reste du temps on s'en fout puisqu'on comprend assez vite qui va mourir ou non.

Tout le film s'articule donc autour de cette métaphore "Le temps, c'est de l'argent", et le réalisateur en profite pour critiquer à sa manière toutes les conséquences perverses et cruelles du monde capitaliste moderne et globalisé. Il le fait même de manière manichéenne et sans aucune subtilité. Très certainement à cause de la cible que vise les producteurs. Cette même cible dont résultent des conditions imposées au réalisateur qui sont totalement contradictoires avec un tel genre. Malheureusement chaque scène nous le rappelle à tout instant par ce casting d'acteurs à la mode qui n'ont rien à foutre là (Justin Timberlake, Olivia Wilde).

Même si ici les messages sous-jacents sont d'une évidence aussi visible que le nez au milieu de la figure, ce n'est pas le principal propos du film, loin de là. Pourtant on voit qu'il a essayé le pauvre; un monde gouverné par la finance et qui dirige nos vies qu'on le veuille ou non, un cycle quasi monarchique du pouvoir et de la richesse qui semble inaccessible aux pauvres, exploitation des nords par les suds, des pauvres vivant dans la misère au jour le jour et des riches immortels dont la vie même si potentiellement infinie n'a plus aucune saveur, y' a de tout pour tout le monde (en gros, y à manger pour tout le monde mais l'énorme majorité du monde aujourd'hui crève la dalle). En clair un monde qui n'est que le reflet du notre, en mettant l'accent sur les inégalités persistantes alors que tous les humains sont censés être égaux. La réplique du film qui illustre le mieux ce propos est très certainement celle-ci :"Il faut beaucoup de morts pour peu d'immortels" autrement dit "Il faut beaucoup de pauvres pour peu de riches".
Je dois avouer que même si c'est terriblement efficace car compréhensible par le premier spectateur lambda venu, ça n'en reste pas moins terriblement mainstream et manichéen.

Si tout le long durant on a assiste à de telles commodités, l'histoire qui nous est imposée dans la majorité du film est encore plus banale. On a donc droit à une caricature du pauvr'type qui veut venger la mort de sa mère en voulant faire s'écrouler le système inégalitaire qui ne profite qu'aux méchants capitalistes de merde. Pour pas trop bousculer le spectateur, on use de la ficelle classique du gentil héros Robin des Bois des temps modernes. Sauf que ça se gâte, et on se tape la classique histoire d'amour impossible entre deux personnes de classes sociales opposées, dont le père n'est que la figure du vilain capitaliste sans émotion méga radin. Bien évidemment il y a les immuables courses poursuites du flic borné qui remarque à la fin qu'il a passé toute une partie de sa vie à faire régner l'ordre dans un système qu'il désapprouve lui même. La romance qui se construit tout le long est tellement prévisible et sans intérêt qu'elle démontre encore une fois la stupidité de faire remplir un cahier des charges à un réalisateur. Le duo ne montre aucune complicité, et pour compenser le réalisateur n'a pas juger bon de nous faire rêver en nous offrant un long plan sur le cul d'Amanda, dégoûté. Au final, le couple se transcende pour devenir une autre figure archétypale dont le cinéma est friand : Bonnie & Clyde.

Esthétiquement je n'ai absolument rien compris à ce qu'à voulu faire Niccol, on côtoie le magnifique avec le bâtard. La ville est terriblement laide et absolument pas crédible, moi qui me suit vu promettre le futur j'ai eu droit à un ghetto d'une grande ville industrielle américaines des 90's. Les frontières m'ont étrangement fait penser à celles présentes dans Banlieu 13, et m'ont rappelés à quel point la France était incapable de produire des films à gros budget ayant un minimum de gueule. Les véhicules s'apparentent à un croisement entre plusieurs inspirations, j'avais l'impression de voir durant tout le film une Hot Wheels skin Batman. Et d'un autre côté, Amanda Seyfried est plus sublime que jamais, avec sa coupe de cheveux et sa robe dignes d'une héroïne de Shōnen. Le compteur intégré sur le bras est d'une surprenante simplicité et pourtant si magnifique avec ce vert si symbolique. Le metteur en scène exécute certaines scènes avec brio et se plante complètement sur les autres comme les scènes d'action ou l'accident de la décapotable absolument ridicule.

Le plus drôle dans tout ça reste certainement la traduction du titre dans sa version Française, qui veut dire exactement le contraire que le titre original. Certainement un avertissement de la part de personnes assez responsables qui ont voulu avertir le public de ne pas perdre son temps avec un film qui ne tient à peu près aucune de ses promesses. Car en effet, une fois le visionnage effectué, on a envie de qu'une chose, sortir de la salle et vite oublier ce film, et de continuer à faire des rêves humides en pensant à Amanda.
Dyddl
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le 27 janv. 2013

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